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Martin Panchaud, Fauve d'or 2023 : « Mes mille échecs m’ont rendu très résilient »

Martin Panchaud à Angoulême - Photo Antoine Guibert

Martin Panchaud, Fauve d'or 2023 : « Mes mille échecs m’ont rendu très résilient »

Fauve d’or 2023 à Angoulême grâce à La couleur des choses (Cà et là), le Suisse Martin Panchaud revient, pour Livres Hebdo, sur le choc qu'a été sa consécration, sur sa dyslexie, et sur un futur qui s'annonce riche, entre nouvel album, jeu vidéo et adaptation. 

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Par Léon Cattan ,
Créé le 06.02.2023 à 14h08 ,
Mis à jour le 06.02.2023 à 18h28

Livres Hebdo : Comment vous sentez-vous au lendemain du FIBD 2023 ?

Mitigé, on fera mieux l’année prochaine ! (rires) C’était mon premier festival d’Angoulême et entre le grand prix de la critique ACBD (ndlr : proclamé le 7 décembre 2022 et remis le 6 janvier) et le Fauve d’or, difficile de faire mieux. Je suis à la fois reconnaissant et encore abasourdi. Je suis rentré hier soir de ma tournée à Paris et La couleur des choses entre dans une nouvelle phase d’existence, avec un nouveau tirage à 20 000 exemplaires. Je ne sais pas encore à quelle sauce je vais être mangé mais j’ai hâte de la suite !

La couleur des choses a initialement été publiée en langue allemande chez Edition Moderne en Suisse. Comment s’est déroulé le passage en français chez Çà et là ?

Il faut savoir que j’ai vu beaucoup d’éditeurs français. J’en cherchais déjà un en 2013 et j’avais pensé aux Editions Çà et là, sauf qu’ils ne publiaient pas d’albums non-francophones. Ensuite, en Suisse, Edition Moderne a prévu de sortir mon livre en mars 2021, mais à cause de la pandémie, il était impossible de faire le pont avec l’édition française. Je me suis donc retrouvé à faire le VRP et j’ai conclu un deal avec Ça et là. Serge Ewenczyk s’intéressait à La couleur des choses. Il m’a expliqué que malgré leur ligne éditoriale, la porte était ouverte si je ne trouvais pas ailleurs. A la fin du mois de décembre, j’ai une sorte d’épiphanie, et je suis revenu vers eux, car je ne voulais travailler avec personne d’autre. Serge Ewenczyk m’a dit « écoute, je l’ai lu, on va le faire ». Et depuis, ils gèrent d’une main de maître. Leur accompagnement après Angoulême a vraiment été remarquable.

Vous mentionnez souvent votre dyslexie en interview. Selon vous, quel a été son impact sur votre œuvre ?

Tout au long de ma vie, j’ai travaillé très dur pour apprendre le français et m’intégrer dans le système scolaire, pour faire plaisir à mes parents notamment. J’ai essayé mille fois, et mille fois, j’ai échoué, ce qui m’a permis de trouver ma propre voix. Ça m'a rendu très résilient. Or, j’ai essuyé beaucoup de réponses négatives quand j’ai cherché à faire paraître ma BD. Si j’avais eu une éducation plus lisse, je pense que j’aurais sans doute abandonné. Et puis, la dyslexie a modelé mon rapport à la langue : un mot est un dessin abstrait donc comment lui donner du sens et joindre l’écrit et l’image ?

« Insuffler de la BD dans le jeu vidéo »

Est aussi souvent soulignée votre utilisation des codes vidéoludiques. Vous préparez actuellement un jeu vidéo. Comptez-vous y insuffler de la BD ?

Complètement. Concilier le fait de jouer avec l’image et la narration est ce qui m’attire dans ce médium. Je suis directeur artistique et scénariste dans ce projet, mais nous en sommes encore au stade de la recherche de financements. C’est le tout début, il y a encore beaucoup de paramètres inconnus à ce stade, donc j’évite d’en dire trop pour ne pas créer une attente du public. J’ai travaillé dix ans sur un seul bouquin, donc on peut se permettre de traîner un peu ! (rires)

Et à part ça, d'autres projets futurs ?

J’ai commencé un livre que j’aimerais bien finir en 2-3 ans maximum, mais je n’ai pas encore eu le temps de travailler dessus avec Angoulême et ses suites. Et puis, les droits d’adaptation de La couleur des choses ont été vendus !

Avez-vous eu des coups de cœur BD récemment ?

En ce moment, je reçois plus de BD que je n’en suis capable d’en lire. Mais dernièrement, j’ai découvert avec mes enfants Les Magiciens de Blexbolex (La Partie, 2022), et ça a été un vrai plaisir de leur lire. Elle a des airs de conte ancestral et en même temps, on dirait que ça déboule des années 1960.

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