4 septembre > Histoire Australie

C’est un fait peu connu sinon oublié. Après la campagne d’Egypte et avant la colonisation de l’Algérie, il y eut une immigration arabe en France. Issus des minorités de l’Empire ottoman, ces expatriés débarquèrent à Marseille en 1801. Les intellectuels montèrent à Paris, les autres firent du commerce. Bref, il y eut ce que Ian Coller appelle une "France arabe".

Dans ce livre élégamment illustré, l’historien australien qui enseigne à La Trobe University à Melbourne fait revivre des personnages comme Ellious Bocthor, professeur d’arabe à l’Ecole des langues orientales, ou Joseph Agoub, témoin précieux de cette communauté et orientaliste en vue dans les années 1820.

Car cette recherche universitaire tirée de sa thèse de doctorat sait faire la part au récit, notamment quand elle évoque le massacre du 25 juin 1815 à Marseille : les troupes du général Verdier se retirèrent et livrèrent les réfugiés d’Egypte à la vindicte des royalistes qui voulaient en finir avec ces supposés soutiens de l’Empereur. Au moins douze personnes furent tuées.

Ian Coller montre bien la fabrication de la France moderne de Napoléon Ier à la Restauration, la vie quotidienne de ces migrants qui offrirent à la France une première expérience de la diversité mais en furent aussi des victimes. Ainsi, dans les années 1830, une population arabe non négligeable vivait à Marseille, à Paris et à Melun. L’aventure colonialiste rompit le fragile équilibre de cette intégration invisible et l’Algérie devint le lieu d’exil pour cette population orientale poussée hors de France par la montée d’un nationalisme d’exclusion. Certains travaux ardus permettent bien plus que des essais vite troussés de saisir des éléments essentiels de ce que l’on nomme l’identité nationale en rappelant qu’un pays n’est jamais aussi riche de ce qu’il apporte que de ce qu’il reçoit. En redonnant à la "France arabe" sa place, Ian Coller éclaire aussi l’histoire du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord.

L. L.

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