Politique du livre

Livre : les dossiers qui attendent la nouvelle ministre de la Culture

Rachida Dati - Photo Ludovic MARIN / AFP

Livre : les dossiers qui attendent la nouvelle ministre de la Culture

Nommée ministre de la Culture jeudi 11 janvier, Rachida Dati devra se pencher sur plusieurs dossiers ouverts par sa prédécesseure rue de Valois, avec, en haut de la pile, l'épineuse question de l'intelligence artificielle et du droit d'auteur.

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Par Pierre Georges, Éric Dupuy
Créé le 15.01.2024 à 20h05 ,
Mis à jour le 16.01.2024 à 10h20

Après quatre ans dans les arcanes du pouvoir politique culturel, d'abord à l'Élysée puis plus d'un an et demi passé rue de Valois, Rima Abdul-Malak a laissé sa place de ministre de la Culture à Rachida Dati, nommée jeudi 11 janvier et provoquant de nombreuses réactions du secteur du livre. 

La nouvelle occupante de la rue de Valois, qui se voit d'abord réattribuer les 11 milliards d'euros de budget obtenus par sa prédécesseure, a d'abord évoqué lors de son premier déplacement réalisé au château de Fontainebleau son souhait de « défendre l'exception culturelle française » et une culture « loin de l'exclusion et du mépris ». 

D'après La Lettre, elle a par ailleurs choisi Gaëtan Bruel, ancien dirigeant des services culturels français à New York, pour diriger son cabinet. 

Pour le monde du livre, les dossiers chauds en cours de discussions avec le ministère ne manquent pas. 

 

  • Intelligence artificielle et droits d'auteurs  

En octobre dernier, un collectif de plus de 70 organismes professionnels des secteurs de la création et des industries culturelles interpellait les pouvoirs publics via une tribune envoyée à la presse. Les signataires y demandaient la construction d'une intelligence artificielle « de rang mondial et respectueuse de la propriété littéraire et artistique ». Un accord a depuis été signé par les États membres de l'Union européenne.

Si les syndicats du monde de la culture ont salué cette avancée, le dossier est loin d'être entériné. Au début de la semaine, la société OpenAI a reconnu utiliser des contenus protégés par le droit d'auteur pour entraîner le logiciel ChatGPT, contenus sans lesquels il lui serait « impossible » de faire progresser les intelligences artificielles. Une déclaration qui met largement le doigt sur le problème soulevé par le collectif.

Lire : Acteurs du livre, Ministère et IA : des avancées à petits pas

 

  • Rémunération des auteurs 

Lancé par la troisième ministre de la Culture d'Emmanuel Macron, Roselyne Bachelot, début 2022, un cycle de négociations entre auteurs et éditeurs a abouti en décembre 2022, sous le patronnage de Rima Adbul-Malak, a une signature d'accord portant sur plusieurs mesures, dont l'obligation dans les cinq ans d'effectuer pour les éditeurs une reddition des comptes deux fois par an. Le cycle a repris en 2023 sur le taux de rémunération des auteurs et les parties devaient se retrouver à nouveau en ce mois de janvier.

Lire : Auteurs et éditeurs de nouveau en négociations 

Lire : La rémunération appropriée enfin validée par l'Assemblée nationale

 

  • Une grève au Centre Pompidou 

Après treize semaines et 24 jours de fermeture, notamment pendant les vacances de Noël, les salariés du Centre Pompidou à Paris restent très mobilisés et attendent déjà un geste de la nouvelle ministre. Ils sont inquiets au sujet de la fermeture de l’établissement prévue entre 2025 et 2030 pour un désamiantage et une restauration du bâtiment. Ils réclament des garanties sur le maintien du nombre d’emplois et la non-externalisation de leurs missions pendant la rénovation du Centre. Fermé quotidiennement depuis le début des vacances scolaires de Noël, le centre a rouvert le lundi 8 janvier, mais un préavis de grève courant jusqu'au 15 février a été déposé par l’intersyndicale. Le mouvement social impacte logiquement la Bibliothèque publique d’information Kandinsky (BPI) ainsi que sa librairie spécialisée dans le domaine artistique. 

Lire : Paris : la bibliothèque et la librairie du Centre Pompidou affectées par une grève

 

  • Le suivi des ventes de livres en temps réel

Le Syndicat national de l'édition (SNE) doit lancer d'ici la fin de l'année son projet « Filéas » de suivi des ventes de livre en temps réel à l'usage de l'ensemble de l'ensemble de la chaîne du livre. Les négociations avec les acteurs concernés sont sur le point d'aboutir et le Ministère devrait prendre part à l'administration du projet. 

Lire : Renaud Lefebvre (SNE) : « On a besoin d’un chiffre par jour et par titre »

 

  • Le marché de l'occasion

C'est un sujet qui n'a pas été officiellement traité pour le moment rue de Valois mais qui est bien présent dans le calendrier du secteur du livre : le marché de l'occasion. En pleine explosion, certains observateurs le voient prendre 20 % de part du marché global de l'édition dans les prochains mois. Reste à savoir comment au niveau législatif les acteurs du livre peuvent formaliser un modèle permettant à l'ensemble de la chaîne de profiter de cette émergence nouvelle et potentiellement durable. 

Lire : Le marché de l'occasion fait débat à Angers

 

  • Horaires élargies d'ouverture des bibliothèques

Rima Abdul Malak avait annoncé le 6 septembre vouloir étendre l'aide à l'élargissement des horaires d'ouverture des bibliothèques. Alors qu'une enveloppe spéciale a été débloquée pour les aider, ce déploiement reste entravé par les problèmes techniques et culturels. « Plus une bibliothèque sera ouverte le soir, le dimanche, plus ces jeunes auront des possibilités de trouver des espaces de rencontres, de calme, de travail, de lecture, de musique », avait lancé la prédécesseure de Rachida Dati, dans le contexte des émeutes de juin 2023 lors desquelles plusieurs médiathèques avaient été prises pour cible sur le territoire. 

Lire : Ouvrir plus les médiathèques : des obstacles demeurent

Lire : La bibliothèque dans la cité - Livres Hebdo

 

  • Librairies francophones à l'étranger 

Nous leur consacrions un dossier en septembre 2023 : les libraires francophones de par le monde réclament plus que jamais l'aide des pouvoirs publics. Sorties exsangues de la période de crise sanitaire, leur modèle économique est en péril, assure l’Association Internationale des Libraires Francophones (AILF), qui représente plus du tiers des 250 structures recensées à travers le monde. Beaucoup d'entre elles tirent la sonnette d’alarme du modèle économique de ces vitrines indispensables aux éditeurs et à la culture française à l’étranger.

Lire : Librairies : la french touch en danger

Lire : Isabelle Lemarchand : « Nous sommes la vitrine des éditeurs ...

 

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