Prix Renaudot

Marie-Hélène Lafon : "le matériau, c'est le réel qui me le fournit"

Marie-Hélène Lafon - Photo BRIGITTE BEAUDESSON/FLAMMARION.

Marie-Hélène Lafon : "le matériau, c'est le réel qui me le fournit"

Marie-Hélène Lafon a été distinguée, lundi 30 novembre, par le jury du Renaudot pour son roman Histoire du fils. Elle revient, pour Livres Hebdo, sur son écriture mais aussi sur ce que représente l'obtention d'un prix dans un tel contexte.

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Par Pauline Gabinari
Créé le 30.11.2020 à 22h00

Marie-Hélène Lafon a gagné ce lundi 30 novembre le prix Renaudot pour son roman, Histoire du fils, paru chez Buchet-Castel. En prise avec les terres du Cantal et une écriture “constamment bombardée par le réel”, elle nous parle de cette histoire de famille qui longe les générations.

Le Prix Renaudot est l’un des plus prestigieux prix d’automne, quel sentiment vous parcourt?
La joie. Et je suis d’autant plus heureuse d’avoir eu ce prix cette année que les libraires, plus que jamais, ont besoin des prix. Dès mon premier livre, des libraires, tenaces, vivaces, curieux et inventifs ont été là et ils ne m’ont pas lâché. Ma joie, je la partage donc avec Pascale Gautier, la maison Buchet et les libraires.

Il s’agit du deuxième prix que vous recevez cette année après celui décerné par la Société des gens de lettres pour l’ensemble de votre œuvre et le prix des libraires de Nancy. 2020 sonne-t-elle comme une consécration ?
C’est une année où survient une visibilité plus grande. Je l’accueille volontiers car cette visibilité ne s’accompagne d’aucune concession tant au niveau des thèmes qui font le matériau de mes livres que dans mon travail de la langue. Dans Histoire du fils, il y a du silence, il y a de la frustration pour mes lecteurs. Ce sont eux qui déplient et déploient le texte en habitant les silences.

L’histoire racontée dans ce roman provient du réel, comment s’est organisée votre méthode d’écriture ?
Il en est allé de ce livre comme de tous mes précédents livres ; le matériau, c’est le réel qui me le fournit. Ensuite, il y a une longue phase de rumination. J’attends. Je ne prends pas de notes, je ne fais pas de plan, j’attends ; ça se met en place. Enfin, quand je commence le travail d’écriture à l’établi, des tableaux viennent naturellement et le jet d’écriture s’impose. Cela peut compliquer la narration et la chronologie mais je crois que le jour où je commencerai à me dire : "il faut que tu fasses facile" et bien, il faudra arrêter d’écrire.

Dans Histoire d’un fils, un personnage ressort particulièrement par son originalité, c’est Gabrielle. Que représente-t-elle pour vous ?
Gabrielle est une femme qui a fait ces mêmes choix dans la vraie vie. Elle transgresse les codes de l’époque et persiste dans sa trajectoire de vie en dépit même de sa matérnité. Elle est une figure de femme novatrice et singulière. Tout ceci, ce n’est qu’une fois que le livre a été mis sur l’orbite de la publication que je m’en suis rendue compte. Dans le personnage de Gabrielle, il y a la liberté qui est possible.

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