Avant-critique Anthologie

Le cogneur. De son vrai nom Nelson Ahlgren Abraham (1909-1981), Nelson Algren est un écrivain américain qui fit grand bruit en son temps, même si sa notoriété fut plutôt fugace : en 1949, il publia un roman, L'homme au bras d'or, qui lui valut le National Book Award 1950 et fut adapté au cinéma en 1955 par Otto Preminger, avec Frank Sinatra et Kim Novak. Algren a détesté le film, où il n'a pas retrouvé son livre. Cela arrive fréquemment. Algren était juif, communiste, en marge. Son œuvre se situe résolument du côté des laissés-pour-compte, prolétaires, immigrés, drogués, prostituées, tout l'envers du rêve américain que ce clochard céleste n'a cessé de dénoncer avec une ironie vacharde.

Celui dont Hemingway disait qu'il « cognait » n'était pas tendre avec Simone de Beauvoir, qu'il appelait Frenchy et avec qui il vécut une liaison tumultueuse, ce dont témoigne Lettres à Nelson Algren 1947-1964 (Gallimard, 1997). Il n'aimait pas non plus ses livres, auxquels il ne comprenait rien, raconte dans la préface d'Un meublé dans la pénombre son ami le photoreporter Art Shay. Shay dit qu'Algren avait aidé Beauvoir pour Le deuxième sexe, en lui faisant découvrir les féministes américaines. Et que leur histoire a inspiré Les mandarins. Rien que pour cela, cette copieuse anthologie de l'œuvre d'Algren, épuisée depuis longtemps, méritait bien une réédition, ne serait-ce que pour « La Gomorrhe du string », plongée dans les bas-fonds de Chicago.

Nelson Algren
Un meublé dans la pénombre
Les belles lettres
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jeannine Hayat
Tirage: 1 500 ex.
Prix: 17 € ; 396 p.
ISBN: 9782251457123

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