Rentrée d'hiver 2022

Nicolas Idier est un brillant sujet, à qui tout réussit : sinologue de formation, bardé de diplômes, il a été diplomate en Chine puis en Inde, et travaille aujourd'hui à Matignon, conseiller auprès du Premier ministre Jean Castex, dont il est l'une des plumes. À 40 ans à peine, un bel avenir s'offre à lui. Il est également (surtout ?) écrivain, auteur de deux romans chez Gallimard (La musique des pierres, 2014, et Nouvelle jeunesse, 2016).

Mais, tel un Janus bifrons, il a du mal avec cette image lisse, « ce garçon bon chic bon genre que je ne supporte plus », écrit-il dans La tanière du tigre, à la fois récit de ses quatre années indiennes et autobiographie sans concession. Alors, il picole pas mal, et aime à s'encanailler : dans Une boîte de nuit à Calcutta (Robert Laffont, 2019), il a raconté à quatre mains avec ce grand diable de Makenzy Orcel, le poète haïtien, leurs dérives nocturnes. La France avait été, en 2015, l'invitée d'honneur de la Foire du livre de la ville. Orcel était dans la délégation, et Idier, attaché culturel à l'Institut français de New Delhi, chargé du livre et du débat d'idées, en était le cornac. Dans la journée...

Nocturne indien

Après quatre années de bonheur total au même poste à Pékin, là où est né son fils Henri, Nicolas Idier, qui se présente comme « chinois », arrivait en Inde, en 2014. Malade, il fait une syncope dès l'aéroport : « J'étais ici à contrecœur, et l'Inde n'allait pas tarder à se venger », prophétise-t-il. En fait, l'immense et complexe pays (la Chine, à côté, paraît simple à ceux qui connaissent les deux civilisations), va à la fois lui « échapper », et le piéger dans les méandres de son jeu politique. 2014, c'est le retour au pouvoir du BJP, le parti national-populiste hindou, et la nomination de son leader, Narendra Modi, comme Premier ministre. On connaît la suite.

Parce qu'il rencontre tout de suite l'écrivaine Arundhati Roy, opposante numéro un et bête noire du régime, avec qui va se nouer une puissante amitié fraternelle, Idier va mener quatre années d'engagement, de soutien au combat politique de l'auteure du Dieu des petits riens et de ses amis, qu'il raconte de façon fort peu... diplomatique.

Un diplomate, c'est comme un ministre, « ça ferme sa gueule ou ça démissionne », selon la formule bien connue. Idier, qui assume sa position, n'a fait ni l'un ni l'autre. Il n'est pas certain, en revanche, qu'il ne soit pas passé à côté de l'Inde, même si « ce chaos, [il a] appris à l'aimer ». Quatre ans, c'est si peu.

Nicolas Idier
Dans la tanière du tigre
Stock
Tirage: 4 000 EX.
Prix: 20,50 € ; 300 p.
ISBN: 9782234090446

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