Entretien

Livres Hebdo. La foire de Francfort vient d’annoncer son annulation pour le volet physique. C’est un nouveau coup dur pour l’activité internationale mise à mal par la crise sanitaire.
 
N. R. : Oui, indiscutablement c’est une très mauvaise nouvelle. Ce que nous redoutions depuis plusieurs semaines est donc arrivé : la plus grande manifestation professionnelle mondiale ne se tiendra pas en 2020, pour la première fois depuis 1949. C’était pour beaucoup le dernier espoir de rencontrer les partenaires internationaux cette année après l’annulation en cascade de toutes les grandes foires depuis janvier.
 
La foire de Francfort, comme d’autres avant elles (Bologne, Pékin…) communique beaucoup sur le lancement d’une foire digitale. Que faut-il en attendre ?
 
N. R. : Ce sont des nouveaux outils qu’il faut tester sans a priori mais les premières expériences dans le domaine n’ont pas toujours eu le succès escompté. Complexité pour les inscriptions, difficultés techniques, fonctions non traduites en anglais… cela n’apporte pas toujours une réponse satisfaisante. Par ailleurs, les éditeurs n’ont pas attendu l’apparition de plateformes pour faire des rendez-vous en visioconférence sur Skype ou ailleurs. Mais nous serons attentifs à ces développements. Nous sommes cependant nombreux à penser que l’édition est un métier de contact, de partage, d’enthousiasme qu’il est quelquefois difficile de communiquer lors d’un rendez-vous en ligne.
 
Avec la crise sanitaire, les périodes de confinement et les difficultés économiques sur de nombreux marchés, comment voyez-vous le développement des cessions de droits dans le monde entier ?
 
N. R. : Cette activité de vente de droits souffre de la conjonction de plusieurs phénomènes : de nombreux éditeurs ont aménagé leur programme et reporté la parution d’un certain nombre de titres sur la fin 2020 voire sur l’année 2021. Il n’y a donc pas toujours le même intérêt, la même urgence pour acheter des titres à l’étranger. Par ailleurs, les éditeurs du monde entier sont prudents quant à leurs résultats et leurs perspectives financières. Or, payer des traductions, faire la promotion d’un auteur étranger, cela a un coût. Bien sûr, certains éditeurs s’en tirent mieux que d’autres et réaliseront peut-être leur budget.
 
Comment expliquer que certaines maisons souffrent moins que d’autres dans la vente de titres à l’étranger ?
 
N. R. : Vous avez raison, la situation est très hétérogène. Par exemple, certains éditeurs qui ont plus de fonds s’en sortent mieux notamment par le renouvellement des contrats. Et si certains font sur cette activité internationale une année moins mauvaise que prévue, la moyenne de la baisse, telle que nous la percevons de la part des éditeurs, sera très sensible. Mais les difficultés que nous évoquons sont mondiales et ne sont pas propres à la France. D’ailleurs, il faut le rappeler, les français sont des champions dans la vente de droits à l’étranger. Près de 13000 titres ont été cédés en 2019.
 
Est-ce que les éditeurs français ont des atouts pour que cette activité internationale redémarre rapidement et dans de bonnes conditions ?
 
N. R. Oui, indiscutablement ! Même si l’année 2021 sera sans aucun doute une année encore complexe, le savoir-faire des professionnels, tant dans la création des projets que dans leur promotion à l’étranger est unanimement reconnu. Par ailleurs, les cessions de droits sur tout support sont un enjeu économique et de soft power majeur, les pouvoirs publics l’ont bien compris.
 

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