Une page se tourne à Nîmes. Jean-François Chou, connu des habitués sous le nom de « Jeff », a annoncé la fermeture prochaine de sa librairie Book’in dans un message publié sur Facebook. Ouvert depuis 1985, l’établissement compte à ce jour 30 000 références allant du roman au vinyle, en passant par le DVD.
Jean-François Chou met ainsi fin à ses 31 ans de carrière au sein de la bouquinerie. « Je suis arrivé en 1994, j’ai commencé par un bac pro vente, puis je suis devenu gérant. J’ai racheté le fonds il y a six ans », explique-t-il François Chou à Livres Hebdo. Une aventure professionnelle et humaine qu’il voit aujourd’hui s’achever, non sans amertume. « Depuis quelques années, surtout après le Covid, c’est devenu de plus en plus compliqué. Les gens se tournent vers le click and collect, les ventes en ligne… J’ai essayé de m’y mettre, mais je vends très peu. Le chiffre d’affaires baissait déjà depuis 3-4 ans. Entre le loyer et les charges, ce n’est plus tenable. »
Un commerce de proximité pris dans l’étau du numérique
Comme beaucoup de librairies indépendantes, Book’in subit la concurrence des géants de la vente en ligne, tout en étant pénalisée par une fiscalité peu favorable et des charges sociales élevées. « J’ai tout donné pour que ça marche. C’est toute une vie de travail, je suis là du lundi au samedi, je connais des familles entières, des enfants que j’ai vu grandir. C’est très dur de tourner la page », confie-t-il avec émotion.
Book’in faisait partie d’un petit réseau d’enseignes indépendantes, présentes notamment à Perpignan, Marseille, ou encore Clermont-Ferrand. « Je viens d’avoir Clermont au téléphone. Lui aussi galère. Il se pose les mêmes questions. Ça me conforte dans l’idée que je ne suis pas le seul. »
En attendant la fermeture définitive, prévue pour octobre, les clients peuvent profiter d’une grande braderie : livres, CD et DVD sont soldés. Jean-François Chou, lui, se tourne désormais vers de nouvelles perspectives : « Je cherche du travail dans la vente, j’ai déjà quelques pistes. »
Le local, quant à lui, a déjà trouvé repreneur. Si Jean-François Chou ne peut à ce jour révéler qui, une chose est sûre : « Ce ne seront pas des livres. »