L'Antilope

Ils ont décidé de tout dévoiler : les ventes brutes de leurs livres, les retours, les ventes nettes. Sur le site des éditions de L'Antilope, Anne-Sophie Dreyfus et Gilles Rozier détaillent les performances des titres de leur catalogue. Les deux éditeurs sont animés par « un souci de transparence », explique Gilles Rozier, et par la volonté de « montrer la réalité d'un éditeur indépendant, dans un milieu où les chiffres de vente sont soumis à une certaine omerta ».

En 2019, un roman contemporain s'est vendu en moyenne à 2 700 exemplaires selon GFK. C'est un chiffre quelque peu surévalué, à la fois parce qu'il est tiré par un petit nombre de best-sellers, et aussi parce que GKF ne tient pas compte des titres vendus à moins de 100 exemplaires. Avec une moyenne de 1 781 exemplaires par titre, L'Antilope n'a donc pas à rougir de ses scores.

Anne-Sophie Dreyfus et Gilles Rozier ont été inspirés par l'exemple de Çà & là, éditeur de BD dont le président, Serge Ewenczyk, se livre à cet exercice depuis 7 ans, un peu las d'entendre « la presse se faire l'écho de la progression continue du chiffre d'affaires du secteur » alors que « selon les données qui circulent entre éditeurs, près de la moitié des nouveautés en BD se vendent à moins de 1 000 exemplaires ».

À leurs débuts, à la fin des années 1990, Les Arènes publiaient tous les ans les chiffres de ventes de leurs dix premiers titres. À cette époque, raconte Laurent Beccaria, le fondateur de cette maison, « les éditeurs avaient l'habitude de gonfler les chiffres ». Aujourd'hui, poursuit-il, « Tous les acteurs de la chaîne ont accès à GFK ou Datalib, Livres Hebdo réalise des palmarès... Cela n'aurait plus le même sens. »

Mais pour Gilles Rozier, la transparence est aussi une façon de s'adresser aux auteurs. « Nos chiffres parlent pour nous. Ils montrent à nos auteurs que nous consacrons la même énergie à tous nos titres. Et aux écrivains publiés par de grandes maisons qu'ils ne seraient pas moins bien traités chez nous. »

Sophie Caillat, présidente des toutes jeunes Editions du Faubourg, songe elle aussi à rejoindre le mouvement. « Je ne vois pas ce que nous aurions à cacher, dit-elle. Il y a tant d'éditeurs qui ne donnent même pas de relevés de droits à leurs auteurs que ce genre de geste me semble pouvoir faire la différence. » Mathieu Deslandes

07.02 2020

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