Lors du Publishing Perspective Executive Talk animé par Porter Anderson à la Foire du livre de Francfort, mardi 15 octobre, Perminder Mann, depuis peu à la tête de Simon & Schuster UK et International, a livré un témoignage personnel et stratégique sur sa nouvelle mission à la tête de l’une des « Big Five » américaines et parmi les toutes premières maisons d'éditions mondiales.
Ancienne dirigeante de Bonnier Books, où elle a passé quinze ans (dont huit en tant que PDG) à « reconstruire et repositionner un business depuis une page blanche », Perminder Mann confie qu’elle ne cherchait pas de nouveau poste. « Après des années d'énormes chantiers, c’était le moment de ralentir, dit-elle. Mais cette opportunité rare et exceptionnelle s’est présentée. J’ai compris que je n’étais pas prête à lever le pied. La logique a pris le dessus : j’avais encore l’énergie et l’appétit pour un nouveau défi : celui de tout reconstruire à nouveau ».
Le rachat de Simon & Schuster par le fonds KKR en 2023 a en effet ouvert une nouvelle ère pour la maison, saluée par Porter Anderson pour son travail « audacieux et indépendant » notamment dans l'édition de livres politiques ces dernières années. « Simon & Schuster possède un bagage éditorial extraordinaire, mais aussi une vision très actuelle et moderne de l'édition. Je voulais faire partie de cette histoire-là. J'y ai trouvé une excellente balance entre héritage et pensée prospective », explique la CEO d'origine indienne.
Vogue UK et télétravail
Revenant sur ses premiers mois à la tête de l'éditeur de renommée mondial, la dirigeante évoque, pêle-mêle, son entrée dans le classement Vogue UK, la publication et la rencontre avec Kamala Harris, ou encore le départ de Jonathan Karp de la tête du groupe pour revenir à l'édition active.
La dirigeante a aussi lancé une refonte d’ampleur : rebranding, nouvelle stratégie globale qu'elle dévoilera dans les semaines à venir, déménagement des locaux anglais. « Ce n’est pas juste une nouvelle adresse, mais une nouvelle ère pour Simon & Schuster au Royaume-Uni et dans le monde », affirme-t-elle. Ceci avec, pour les employés, une nouvelle organisation du travail réinventée à la lumière des erreures commises pendant le Covid, entre télétravail et incohérence managériale. « La vraie question n’est pas de savoir où nous travaillons, mais comment, et surtout quel type de travail nous faisons à la maison ou au bureau. Au siège, nous avons besoin d’espace pour la créativité, l’échange, le brainstorming. À la maison, nous privilégions la concentration et la productivité. L’objectif est de mieux rythmer les temps de concentration et ceux d’exploration commune », détaille-t-elle.
Expérimenter, échouer, apprendre
Convaincue de la valeur du tâtonnement, Perminder Mann indique encourager ses équipes à « essayer sans cesse, se tromper, apprendre et recommencer avec plus d’énergie ». « L’évolution constante est la clé, et l'échec est la base pour avancer dans notre métier », martèle-t-elle.
L’intelligence artificielle s’inscrit dans cette logique de productivité et d’émancipation : « L’IA nous rend plus productifs. Elle ne doit pas nous faire peur, mais bien nous libérer de certaines tâches de nos métiers d'éditeurs pour que nous nous concentrions sur la création et les idées nouvelles ».
Enfin, s'exprimant à propos de la lecture numérique, elle indique plaider pour « une place plus importante à la lecture sur smartphone et aux systèmes de lecture par abonnement », qu’elle considère comme des leviers d’accès à de nouveaux lecteurs et un terrain fertile pour expérimenter formats et contenus.