Peut-on vendre Harry Potter à 16 euros?

Le tome 7 d'Harry Potter chez Brentano's

Peut-on vendre Harry Potter à 16 euros?

La guerre des prix autour du dernier tome de "Harry Potter" a aussi touché la France. Du simple au double, quel tarif peut-on réellement appliquer?

avec pr.d Créé le 15.04.2015 à 19h12

Dans la nuit du 20 au 21 juillet, Harry Potter and the deathly hallows, dernier tome des aventures du magicien, sort des cartons. Mais selon l'endroit, le prix diffère. Le prix affiché est de 37,50 euros s'il est distribué par Nouveau Quartier Latin et de 31 euros s'il est distribué par Reporter. Un internaute le trouvera entre 22,9 euros et 23,1 euros (frais de port offerts) sur les sites les plus connus. Généralement, les grandes librairies comme Mollat ou Decitre se sont alignées sur ce tarif. Bien sûr, on peut se le procurer d'occasion entre 16 et 18 euros sur Priceminister. Mais si vous allez à Strasbourg, il ne vous en coûtera que 16,96 euros à la librairie Kléber. La célébre librairie alsacienne a d'ailleurs poussé ses concurrents (Fnac, Virgin) à baisser leur tarif. A-t-elle le droit de vendre le dernier tome à un prix inférieur au prix conseillé ?

Maître Emmanuel Pierrat nous renvoie à la loi Lang sur le prix unique du livre. Promulguée le 10 août 1981 et entrée en vigueur le 1er janvier 1982, cette loi avait pour objectifs de permettre « l’égalité des citoyens devant le livre, qui sera vendu au même prix sur tout le territoire national ; le maintien d’un réseau décentralisé de distribution, notamment dans les zones défavorisées ; et enfin le soutien au pluralisme dans la création et l’édition en particulier pour les ouvrages difficiles. »

« Pour savoir si la librairie Kléber a le droit de vendre le septième tome à 16,96 euros, il faut avant tout connaître le premier importateur car c’est lui qui est en charge de fixer le prix », explique Me Pierrat. Dans le cas de Harry Potter, nous sommes dans une situation particulière. Les distributeurs ont été plusieurs à le vendre simultanément dès la premire minute possible (une heure du matin le 21 juillet). « Nous sommes ici dans un cas de figure unique avec plusieurs premiers importateurs. Le système de la loi Lang ne peut pas fonctionner ».

Selon Emmanuel Pierrat, pour éviter cette guerre des prix, la maison d’édition Bloomsbury aurait dû fixer un prix spécifique pour les pays qui appliquent le système du prix unique du livre (la France, la Belgique ou encore l’Italie). « La librairie Kléber à Strasbourg est donc dans sa légitimité car elle est considérée, elle aussi, comme un premier importateur », conclue notre avocat. « Si au contraire elle avait vendu Harry Potter and the Deathly Hallows le lendemain de sa sortie officielle, elle aurait dû se fixer sur les prix des premiers importateurs avec une marge légale de 5% », précise-t-il.

La librairie alsacienne est donc dans son droit. Elle a choisi d’afficher 16,96 euros pour des raisons simples. « Nous avons voulu être au meilleur prix dès la sortie du livre », témoigne le directeur de la librairie Eric Kribs. « C’était également un moyen de contrer les sites internet qui affichent des prix cassés », explique-t-il. A ce prix, la librairie permet de rendre l’ouvrage accessible à un plus grand nombre de clients.

15.04 2015

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