Sur les 73 premiers romans français à paraître en janvier et février 2016, que Livres Hebdo a recensés pour cette nouvelle rentrée littéraire de l’hiver, 38 ont été écrits par des femmes et 35 par des hommes. Une quasi égalité entre sexes inédite chez les primo-romanciers, dans un cru record : + 23,7 % par rapport à celle de 2015. Début 2015, les 59 premiers romans se répartissaient entre 35 romancières et 24 romanciers. Sudarènes a la palme de l’éditeur tête chercheuse, avec 4 premiers romans cette année, juste devant Grasset et La Différence qui en éditent 3 chacun.

Parmi les métiers les plus représentés chez les auteurs d’un premier roman, figurent toujours les journalistes, dont Stéphane Barsacq (Figaro magazine), Macha Fogel (Radio France et i-Télé), Didier Pourquery (The Conversation France, Libération) ou Michel Contat (Le Monde, Télérama), et les enseignants : au lycée pour Guillaume Rihs, à l’université pour Isabelle Bunisset ou Olivier Schefer. Des habitués du monde du livre publient également leur premier ouvrage de fiction, à l’image de Colombe Boncenne qui travaille dans l’édition et organise des manifestations littéraires, le conservateur de bibliothèque Julien Donadille ou la journaliste littéraire Claire Julliard, qui a déjà écrit des livres pour la jeunesse.

D’autres exercent dans des domaines moins attendus. Rachel Khan, après une carrière sportive de haut niveau (championne de France du 4 × 100 mètres en 1995), est actrice et conseillère à la culture de Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France. Evains Wêche a été dentiste, et Aurélien Rousseau est haut fonctionnaire.

Drames familiaux

Le thème de la famille, toujours cher aux primo-romanciers est abordé cette année de manière sombre. Il s’exprime à travers le traumatisme d’une enfance sans la tendresse d’un père chez Adeline Fleury dans Rien que des mots (Les éditions nouvelles Francois Bourin). Philippe Rahmy, dans Allegra (La Table ronde), raconte l’arrivée inattendue d’un enfant qui va chambouler un jeune couple au bord de l’explosion. Dans Notre Château (Tripode), Emmanuel Régniez dépeint une relation fusionnelle entre un frère et une sœur vivant reclus depuis des années. A travers la vision d’un petit garçon, Olivier Bourdeaut décrit dans En attendant Bojangles (Finitude) l’amour intense qui unit ses deux parents, jusqu’à la folie.

Les maux du corps et de l’esprit

La maladie, dans sa fatalité tragique mais également à travers le prisme de la guérison, marque la production. Dans Bianca (Julliard), Loulou Robert suit l’entrée salvatrice d’une adolescente atteinte d’anorexie chronique dans une unité psychiatrique. Nathalie Gendrot livre dans Le monde sensible (L’Olivier) e journal de Delphine qui fait état de l’évolution de sa douleur à l’hôpital après un grave accident de voiture. Le héros de Boucle d’or (Passage) d’Aurélien Rousseau entreprend un voyage en train depuis Paris vers le Pays basque, alors qu’il sait pertinemment qu’il va devoir retourner à l’hôpital et y rester s’il veut avoir une chance de combattre sa maladie. Dans Les remparts de Dubrovnik (In octavo) de Florence Lizé, Alice part en Croatie pour découvrir les raisons du suicide de son mari et se guérir d’un passé douloureux.

La sensualité

Plus réjouissants, le plaisir et le désir sont également évoqués par les primo-romanciers. Dans Chair et âme (Fabert), Blanche Martire raconte comment quatre jeunes filles, amies depuis l’enfance, tentent de s’éveiller à l’amour charnel dans une société hypersexualisée par les médias. Maestria dépeint dans Expériences du domaine sensible (Fragrances) le parcours d’une femme décidée à devenir séductrice et dominatrice. Dans La proie du papillon (Pygmalion), Stéphane Soutoul explore rivalité et tentation : pour se débarrasser d’une concurrente, une femme utilise les services d’une mercenaire de la séduction excellant dans l’art de manipuler les âmes. A. A.

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