Si les articles de revues et journaux scientifiques font depuis plusieurs années l’objet de politiques très volontaristes en matière d’open access, les livres électroniques sont, eux, encore peu présents dans les réservoirs d’archives ouvertes. La dernière journée d’étude du consortium Couperin, organisée à Paris le 3 juin, a fait le point sur les freins au développement de l’open access pour le livre électronique, mais aussi sur les expérimentations en cours dont certaines très innovantes. En Grande-Bretagne, le programme Knowledge Unlatched sert d’intermédiaire de mutualisation entre éditeurs et bibliothèques : un éditeur propose de mettre certains de ses livres en open access en échange du paiement d’une somme fixée pour chaque ouvrage, 12 000 dollars en moyenne. Les bibliothèques intéressées se regroupent pour payer la rémunération. Résultat : le prix à payer par chaque établissement est modeste, généralement quelques dizaines de dollars, tandis que l’éditeur a l’assurance d’une rentrée d’argent. Testé à une échelle modeste, 13 éditeurs, majoritairement britanniques et américains, et 297 bibliothèques, ce programme devrait prochainement se développer.
En France, plusieurs initiatives contribuent au développement du livre numérique en open access. Open-Edition a lancé en 2013 une plateforme dédiée aux livres électroniques fonctionnant sur le même modèle économique que celui qu’il avait développé pour les revues, baptisé "freemium" : services payants (téléchargements, marquage des fichiers au logo de la bibliothèque acquéreuse, etc.) et accès gratuit se côtoient, les premiers finançant le second. C’est sur un modèle similaire que fonctionne Sésamath, une association qui diffuse en licence ouverte documents et logiciels éducatifs de mathématiques, tout en vendant en parallèle des manuels en version papier ainsi que des applications pour tablettes et smartphones. Comme pour les revues, la grande question reste celle du financement des archives ouvertes. "Soit on décide que la solution pour une édition numérique scientifique de qualité sera uniquement publique et qu’on peut se passer des éditeurs, soit il faut construire l’avenir avec eux. Or BSN (1) n’est pas très ouverte au dialogue avec les éditeurs", a déploré une participante dans la salle.
Véronique Heurtematte
(1) La Bibliothèque scientifique numérique a été créée en 2009 par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour contribuer au développement de l’information scientifique sous forme numérique.