Essai/Allemagne 10 octobre Peter von Matt

« Les gens traînent constamment la connaissance du bonheur avec eux. » Peter von Matt a raison. Et il n'y a pas meilleur vade-mecum dans ce domaine qu'un livre. Encore faut-il savoir le choisir, à moins que ce ne soit lui qui nous choisisse. Au fond, c'est un peu comme le baiser dont il est question dans cet essai. Il arrive quand on s'y attend le moins. Il se pose comme un papillon et s'envole au moment où l'on s'en rend compte. Cette « affaire quelconque » apparaît alors comme le « bonheur absolu », d'autant plus absolu qu'il s'est enfui.

Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve comme chantait Jane Birkin. « La littérature pense en scènes. » L'écrivain et universitaire suisse offre donc quelques-unes, mémorables, intrigantes, subtiles, puisées dans ses lectures de Virginia Woolf, Fitzgerald, Kleist, Tchekhov ou Marguerite Duras. Cette grande plume de la Suisse alémanique - il a reçu le prix Goethe de la ville de Francfort en 2014 - recherche dans les romans non pas des modèles mais des gestes pour comprendre des émotions. On ne sait plus si la littérature continue encore à expliquer le monde. Mais on se rassurera en lisant ce livre qu'elle est toujours en mesure d'apporter des instants de bonheur.

Peter von Matt
Sept baisers - Traduit de l'allemand par Lionel Felchlin
Alma éditeur
Tirage: 2 000 ex.
Prix: 24 euros ; 324 p.
ISBN: 9782362794414

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