Quelque chose en lui... Publiées aux États-Unis en 2023, soit quarante ans après la mort de Tennessee Williams (1911-1983), surtout célèbre par son théâtre et ses adaptations au cinéma, ces « nouvelles de jeunesse » nous ramènent dans les années 1930, à Saint-Louis. Celui qui s'appelait alors encore Thomas Lanier Williams III (il choisira Tennessee parce que, disait-il, ses ancêtres avaient « défendu le Tennessee contre les Indiens ») faisait alors ses premières gammes, en poésie et en prose. On y trouve en germe tout ce qui fera son style : obsessions, fulgurances, sens de l'ellipse et volonté de s'attacher à des héros médiocres, qui renvoient parfois à des épisodes transposés de sa propre existence. Ainsi « L'escalier sur le toit » se situe-t-il à Saint-Louis, dans une fabrique de chaussures. Là où il avait travaillé lui-même, pistonné par son père. Il y a aussi, dans « La saison du raisin », l'évocation des premières ivresses des sens, à la faveur d'un camp d'été mixte dans la région des Ozarks...

À partir de 1944, Tennessee Williams parvient à la célébrité avec La ménagerie de verre. Il publiera ensuite ses pièces fameuses (La chatte sur un toit brûlant, Un tramway nommé désir etc.), mais aussi quelques romans plus confidentiels. Comme Le printemps romain de Mrs Stone, réédité aujourd'hui chez Robert Laffont. L'histoire d'une actrice américaine vieillissante, veuve richissime, qui met fin à sa carrière, s'installe à Rome, y tombe éperdument amoureuse d'un jeune gigolo qui lui fera souffrir le martyre. Williams a vécu un temps à Rome, et il aimait les jeunes gens. Y avait-il en lui quelque chose de Mrs Stone ?