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Un Livre et une Tasse de Thé: "le féminisme dans tous les rayons"

Juliette Debrix et Annabelle Chauvet, fondatrices de la librairie, Un Livre et une Tasse de Thé, à Paris le 1er avril 2020. - Photo Dahlia Girgis

Un Livre et une Tasse de Thé: "le féminisme dans tous les rayons"

"Nous voulons faire en sorte que le féminisme soit normal et qu’il se retrouve dans tous les rayons", explique Juliette Debrix, fondatrice avec Annabelle Chauvet d'Un Livre et une Tasse de Thé. La librairie parisienne a ouvert pendant le second confinement. Les deux libraires engagées nous expliquent comment se développer dans ce contexte. 

Par Dahlia Girgis,
Créé le 02.04.2021 à 19h54 ,
Mis à jour le 16.10.2022 à 16h08

Près de la place de la République à Paris, une librairie a ouvert ses portes en novembre dernier. Juliette Debrix, 25 ans, et Annabelle Chauvet, 27 ans, ont repris le commerce d'anciens libraires partis à la retraite. La librairie généraliste de 55m2 a un parti-pris sur le féminisme, mais pas seulement. Entre le passage de clients et une tasse de café, les deux fondatrices nous ont accueillies sur place pour nous parler de leur projet, Un Livre et une Tasse de Thé. 

Quels sont vos parcours ? 

Annabelle : J'étais journaliste pigiste, mais je n'arrivais pas à vivre ainsi. En tant que journaliste, j’aimais lire des livres et interviewer des auteurs. C’est un peu la même chose que libraire. Juliette et moi sommes amies depuis 7 ans. Nous avons décidé de nous lancer ensemble sur ce projet en décembre 2019.

Juliette : J’ai réalisé des études d’Histoire de l’art et d’entreprenariat. Je baigne depuis longtemps dans les livres, ma famille travaillant dans le secteur. Puis le projet de librairie est arrivé : c’est une question de timing.

Vous avez ouvert le premier jour du deuxième confinement, en novembre 2020, comment cela s’est passé ?

Annabelle : Nous avons mis en place le "Click & Collect", mais c’était compliqué. Le décret de Roselyne Bachelot sur les frais de poste était un cauchemar technique : nous faisions le SAV de la poste entre les colis égarés etc.. C’est également frustrant de ne pas pouvoir ouvrir après des mois de travail. C'était très intense.

Pouvez-vous me présenter le concept de votre librairie ?

Annabelle : Nous sommes une librairie généraliste avec un rayon bande dessinée/manga géré par notre collègue Léa, et des rayons jeunesse, pratique et littérature (française et étrangère)... Nous avons un espace cuisine avec des pâtisseries et boissons, qui pour l’instant est assez restreint en raison de la pandémie. Pour ce qui est de la programmation, nous organisons deux dédicaces par week-end. Nous avons déjà reçu par exemple Caroline de Haas. Cette semaine, nous recevrons Lucie Azema qui publie chez Flammarion Les femmes aussi sont du voyage.

Juliette : Nous insistons vraiment sur le côté "lieu de vie". Il ne s’agit pas que d’échanger lors des rencontres entre auteurs et lecteurs. Par exemple, cela peut-être un groupe du quartier qui cherche un endroit pour faire de la poésie. Nous voulons décloisonner la librairie. 
 

Juliette Debrix et Annabelle Chauvet devant le coin cuisine de la librairie Un Livre et une Tasse de Thé, à Paris le 1er avril.- Photo DAHLIA GIRGIS

Quels sont les ouvrages proposés ?

Annabelle : Notre choix de livres est réduit. Ce sont des ouvrages en accord avec nos valeurs. Pour la poésie, nous mettons en avant des auteures peu connues. Je les trouve via des réseaux militants ou par des maisons d’édition identifiées qui le font très bien. Un accent est mis également sur tous les courants féministes, la sociologie et les sciences humaines. Nous avons près de 8000 références dont près de 500 féministes. Nous avons également un partenariat avec des illustratrices tels que Hélène Aldeguer

Pourquoi cette communication axée sur le féminisme ? 

Juliette : Notre stratégie sur les réseaux est se concentre sur le féminisme et touche davantage les jeunes. C’est un sujet qui soulève des questions qui ne sont pas forcément dans l’offre habituelle. Beaucoup de nos clients se déplacent pour nos ouvrages féministes. Nous ne sommes pas pour autant spécialistes : nous voulons faire en sorte que le féminisme soit normal et qu’il se retrouve dans tous les rayons. 

Annabelle : Le féminisme est un sujet fondamental pour moi. Juliette et moi, nous sommes deux cheffes d'entreprise de moins de 30 ans. Nous avons dû nous défendre et faire un effort supplémentaire pour s'imposer dans le monde professionnel. 

Juliette : Nous avons dû nous justifier à chaque fois. On nous a dit que nous étions trop jeunes et que nous n'avions pas les épaules pour monter ce projet.

Quels sont vos objectifs financiers ?

Annabelle : Nous avons monté ce projet avec nos fonds personnels et des aides de la mairie du 10e, de la DRAC et de la région. Une campagne de financement en ligne a été mise en place, avec un objectif de 10000 euros, qui a été dépassé.

Juliette : Nous allons redéposer un dossier de subvention au Conseil national du Livre. À la fin de la première année, nous souhaitons atteindre l’objectif financier de l’ancienne librairie que nous avons reprise, soit un montant de 260000 euros. 

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