Portrait 

Diriger les éditions Christian Bourgois, c'est tenir la couronne d'un royaume mythique, envié par bien des empires. Il y aurait de quoi triompher. Mais, au 4e étage (et demi) du vieil immeuble de la rue du Bac, Valentine Gay, directrice générale depuis deux ans, ne voit aucune raison de parader. Elle n'était pas en première ligne lorsque son mari Olivier Mitterrand a repris la maison en janvier 2019, alors que la rumeur donnait les groupes Humensis ou Libella comme possibles acheteurs. Elle n'était pas non plus la cible des snipers lorsque, un peu plus tard, son beau-frère Frédéric Mitterrand a remplacé Dominique Bourgois, veuve de Christian, à la direction éditoriale. L'affaire avait remué le Landerneau. On avait parlé de « parachutage » et même de « putsch ». L'ancien ministre de la Culture, lui, jurait qu'il ne s'agissait que d'une « transition ». Il a tenu parole et s'est effacé deux mois plus tard.

Aujourd'hui le calme est revenu. Et, dans son petit bureau des Éditions Globe, filiale de Bourgois, à quelques marches d'escalier de celui du fondateur de la maison, Valentine Gay n'a aucune envie de le rompre. Elle se garde de tout commentaire sur ses pairs : les guerres picrocholines ne sont pas son genre. De son poste de directrice générale, elle dit sobrement que « c'est un honneur de contribuer à la pérennité des éditions Christian Bourgois ». Et elle rappelle que, si elle veille à la bonne marche du catalogue, elle « délègue la direction éditoriale à des éditeurs de t

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