Au royaume du non-sens. Réalisateur de nombre de courts-métrages et de quelques longs (dont La loi de la jungle sorti sur les écrans en 2016, avec Vincent Macaigne et Pascal Légitimus), et bientôt d'un film de vampires, Antonin Peretjatko évolue au sein d'un univers bien à lui, héritier d'un certain esprit surréaliste, loufoque mais pas seulement : derrière la fantaisie se dissimule une remise en question de certains travers de notre société. Ici, par exemple, le rôle grandissant et aliénant qu'occupent, dans notre quotidien, les ordinateurs, robots, smartphones et autres QR codes, jusqu'à paralyser les gens et les actes. Ainsi, le malheureux inspecteur Slimane, incarné par Pascal Légitimus, se voit-il chargé, à quinze jours de la retraite, d'une enquête pépère en apparence, mais qui va se révéler un sac de nœuds inextricable. Il n'y comprendra rien, et, à la fin, sera le dindon de la farce. Pour raconter cette histoire d'un couple de branquignols voleurs de croûtes, Antonin  Peretjatko a choisi le genre désuet du roman-photo, façon Gotlib ou Hara-Kiri. L'intrigue est originale et bien ficelée (sous les croûtes, les malfaiteurs recherchent des œuvres anciennes de valeur, et pourquoi pas un Léonard de Vinci ?), la réalisation soignée, et l'ambiance conviviale. Visiblement, on a bossé ici entre copains. Nathalie Fiszman, l'éditrice du livre, n'interprète-t-elle pas elle-même une ouvreuse de cinéma ? Pour amateurs de littérature décalée.