Juste à temps. On se croirait dans la chanson d'Yves Montand avec Paulette, célèbre héroïne à bicyclette. Aux aurores, le réveil la tire hors du lit. Vite, elle enfourche son vélo et pédale sans fin à travers le village encore tout aussi ensommeillé qu'elle. Ici, un échafaudage de chantier manque de lui faire écraser le chien de Mme Blida. Là, la bonne odeur des croissants chauds de la boulangerie emplit de bonheur ses narines. Mais pas le temps de s'arrêter. Pas non plus celui de papoter avec Nino qui siffle son petit noir du matin au café de la gare, et qu'elle se contente de saluer de loin. Puis il faut foncer le long des rails et faire la course avec le train. Ensuite, évitant les limaces, elle slalome à travers prés et champs avant de s'aventurer dans la forêt mystérieuse et profonde où elle croise une biche. Vite ! Vite ! C'est presque l'heure. Mais l'heure de quoi au fait ? L'heure d'aller où exactement ? Voilà la question qui sous-tend tout ce bel album. Après la dernière ligne droite, notre vaillante cycliste arrive essoufflée mais heureuse sous le préau de l'école où l'attend une ribambelle de bambins dont on comprend que ce sont ses petits élèves. Le suspens qui court du début à la fin de l'histoire n'empêche nullement la poésie et la délicatesse. Thomas Baas, l'illustrateur, en ajoute encore en nimbant ses planches des douces couleurs de l'automne aux premières lueurs du jour. De quoi réconcilier les petits avec un grand jour qui leur fait souvent peur : celui de la rentrée.