Innovation

Le numérique au service du livre (4/4) : Animi, les limites de l’innovation ?

Première démonstration d'Animi. Les capteurs capacitifs sensibles au toucher ou au souffle activent les effets lumineux. - Photo (©Cheziere)

Le numérique au service du livre (4/4) : Animi, les limites de l’innovation ?

Force est de constater que le numérique n’a pas signé l’arrêt de mort du livre. De nombreux éditeurs s’en servent comme d’un outil de création au service du papier. Livres Hebdo présente quatre expérimentations numériques qui enrichissent le livre. Dernier volet, Animi, un projet de papier interactif. 

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Par Pauline Gabinari,
Créé le 11.06.2021 à 21h00

« Il est parfois difficile de transposer les enjeux liés au passage d’un programme de recherches en une idée acceptable et viable économiquement pour le marché », concède-t-il après un court silence. Thomas Mignard est porteur du projet Animi. Sorti de l’incubateur il y a quelques années, l’invention permettrait d’ajouter un circuit électronique dès la fabrication du papier, créant un papier interactif. Encore au stade conceptuel, ce projet à l’intérêt écologique peine à s’industrialiser. 

L’argument vert 

Entre les cartes de vœux musicales et les livres enrichis, le papier interactif existe déjà sur le marché mais, il est indissociable d’un solvant, liant nécessaire au maintien du circuit électronique et du papier. « L’innovation d’Animi consiste dans la fabrication même du papier. Au lieu de coller les éléments entre eux, le circuit électronique est directement imprimé dans la matière », explique Thomas Mignard. Cette avancée qui permettrait de rendre le papier plus propre grâce à l’absence de solvant, a aussi comme souhait de le fonctionnaliser : « On pourrait par exemple imaginer une lampe faite de papier et entièrement équipée de capteurs qu’on commanderait par la parole ou le toucher », ajoute-il. Des fonctions qui s’adapteraient parfaitement aux livres pour enfants, enrichis, à la fois intéressantes dans l’interaction qu’elles permettraient et utiles d’un point de vue matériel.    

Le système peut s'adapter à divers objets comme les lampes


Baptisé initialement Paper Touch, Animi nait dans les labos de recherche PAGOR puis, continue son développement quelques pâtés de maisons plus loin, dans une société d’accélération technologique grenobloise, Linksium. C’est durant cette étape que Thomas Mignard rejoint le projet. Tel un liant, il a pour objectif de rendre possible l’industrialisation d’Animi : « Tout mon travail réside en une question : est-ce que cette invention est industriable et viable commercialement ? ». Le problème réside ici pour cet entrepreneur de 38 ans. Il essuie de nombreux obstacles, dont le départ de son bînome et l'incompréhension d'industriels depuis son arrivée il y a un an et demi. « La vraie différence d’Animi est son impact écologique et ce n’est pas un argument suffisant pour de nombreuses structures », conclut-il tout en ajoutant qu'une porte vers l’industrialisation pourrait tout de même être envisageable en septembre.

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