Face au confinement, dont la levée reste encore incertaine et sans date connue, et à la fermeture des librairies depuis le 16 mars, le Syndicat de la librairie française (SLF) constate que "l’activité ne redémarrera sans doute que très progressivement et l’année 2020, pourtant bien partie, s’annonce exécrable, au-delà même de la période de fermeture imposée".

Conscient "que cette déflagration va impacter l’ensemble de notre filière et, au-delà, toute l’économie" et "inquiets de la situation des auteurs et des éditeurs indépendants", le SLF demande la création d’un fonds d’intervention consolidant les moyens d’intervention de l’Etat (Centre national du livre, ministère de la Culture notamment), des régions et de partenaires privés. Ce fonds serait destiné à couvrir la perte d’exploitation des librairies, soit les charges restant dues durant la période de fermeture. Le syndicat propose que cette intervention se fasse sous forme de subventions "car le surendettement n’est pas une réponse à la crise structurelle qui frappe les librairies".

"Il devrait s’accompagner d’une instruction coordonnée des dossiers par l’ensemble des partenaires impliqués afin de répartir et d’optimiser l’effort et de ne pas laisser de librairies au bord du chemin", précise le SLF.

Trésoreries à sec, endettement insurmontable

La faiblesse des trésoreries et des marges pourrait entraîner de nombreuses librairies, fragiles par essence, à la faillite à cause de la crise économique actuelle. "La fermeture de centaines de librairies conduirait, en cascade, à la fragilisation de centaines d’éditeurs et de milliers d’auteurs, sans compter l’assèchement de la vie culturelle, sociale et économique de tant de centres-villes et de quartiers", alerte le syndicat.
 
Pour le SLF, les mesures mises en place par l’Etat, et les décalages d’échéances de la part dess fournisseurs, reportent, pour la majorité des librairies du moins, "ce péril au-delà de la période de fermeture mais ils ne l’effacent pas". Mais, lors du déconfinement, les libraires feront face à un "mur d’endettement" infranchissable, estime l'organisme qui s'interroge: "Comment rembourser quand le chiffre d’affaires fait défaut, que les maigres réserves ont fondu et que les marges insignifiantes ne permettent pas de les reconstituer avant de longues années ?"