Reportage

Les coulisses du Goncourt des lycéens 2021

Le Goncourt des lycéens, organisé par la Fnac, le ministère de l’Education nationale et l’association Bruit de Lire, a révélé ce 25 novembre sa gagnante 2021 : Clara Dupont-Monod, pour son roman S’adapter. - Photo Fanny Guyomard

Les coulisses du Goncourt des lycéens 2021

Ce 25 novembre, le roman S’adapter, de Clara Dupont-Monod, a été choisi par les lycéens de 56 établissements. Reportage à Rennes, le jour des délibérations finales, pour recueillir les impressions des treize jeunes jurés.

Par Fanny Guyomard, Rennes
Créé le 25.11.2021 à 19h00

Des quatorze au départ, puis des cinq finalistes, il n’en reste, ce 25 novembre, qu’une : Clara Dupont-Monod, prix Goncourt 2021 des lycéens pour son roman S’adapter (Stock). Elue dès le premier tour, à huit voix sur treize. Les juges étaient près de 2000 répartis en 56 classes, représentés ce jour par leurs “superdélégués” réunis pour l’ultime discussion à Rennes, dans la ville où est né ce prix.

A 9h30, début de séance à huis-clos, dans un lieu tenu secret de l’Hôtel de Ville. A 11h30, dans la salle d’honneur, les techniciens s’affairent, les journalistes se branchent pour la retransmission à l’antenne, on s’agglutine devant la scène, c’est l’effervescence. A 12h30, les voilà, nos treize jurés, spontanés, pimpants, intimidés, solennels sous les dorures qui dessinent le nom Chateaubriand (auteur local) et surplombent le panneau rose fluo de la Fnac, co-organisatrice de l’événement. Appliqués sous le regard de leurs professeurs, les élèves laissent s’échapper quelques rires, des hésitations, une maladresse juvénile.

Emotion et poésie

Cerise, 14 ans, représente sa région normande et son lycée des Andaines, dans l’Orne. “Le débat a été un peu mouvementé", esquisse-t-elle. Wendy, 16 ans, se prend au jeu : “Je n’ai pas le droit de raconter les délibérations”, certifie la Jurassienne, du lycée Jacques Duhamel (Dole). Quelques arguments filtrent : la virtuosité narrative avec laquelle le roman raconte une même situation à travers différents points de vue, l’écriture (“poétique, belle, simple à comprendre tout en allant vers la philosophie”). Et surtout “l’émotion, la trace que le roman laisse après sa lecture. Il fait réfléchir sur la tolérance, l’acceptation de soi, des autres et de l’opinion des autres”, résume l’élève en Première. Option histoire, littérature et philosophie, pour devenir professeure des écoles. Mais dans l’immédiat, elle va “faire une petite pause dans la lecture”. Deux mois à plancher sur quatorze romans, même plus le temps de lire sa littérature favorite : la romance.

J’ai appris à aimer la lecture"

Paola, 15 ans, lit surtout de la BD. Mais elle est parvenue à se plonger dans les romans grâce à un défi : “Trouver ce qui peut plaire dans chacun. Même dans ceux qu’on n’aime pas, il y a toujours quelque chose de bien”, affirme l’élève de Seconde au lycée parisien de Charlemagne. Les choses bien, dans S’adapter ? “Il s’adapte à tout lecteur, tout le monde peut s’y identifier ou trouver le livre vivant, grâce aux différents points de vue des personnages, qui ne sont pas nommés”, rapporte-t-elle, faisant remonter les avis des délégués de sa Région. Elle, a personnellement défendu S’il n’en reste qu’une, de Patrice Franceschi, avec “sa belle morale sur ce qu’est une victoire, la nuance entre pouvoir et puissance…” Le mot revient pour qualifer les l’éloquence des jurés pendant leur échange. “Il y avait du level !

C’est ce qui a décidé Eniola à se présenter comme superdéléguée, assurée d’une certain “aura”. L’autre raison, pour cette élève de Jean Perrin, à Saint-Cyr-l’Ecole (Yvelines) : “Représenter les lycées professionnels pour montrer que nous ne sommes pas des tocards !”. Et à l’oratrice de 16 ans de conclure : “J’ai appris à aimer la lecture. Avant j’étais bloquée. Et là, je les ai tous aimés, ces romans m’ont libérée.
 

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