Shun-Chan, le narrateur, de son vrai nom Ôtsuki, vit de son propre aveu une « vie de merde ». Considéré par les autres, notamment par Sugimoto, son ancien condisciple devenu un dangereux homme de main, comme un intello parce qu'il a fait quelques études, c'est un pauvre type, un parasite, un toxicomane accro aux méthamphétamines, ivrogne, obsédé sexuel et paranoïaque. À 23 ans, il a été condamné pour avoir étranglé une femme durant des ébats érotiques, sous l'emprise de la drogue. Elle en a réchappé. Aujourd'hui, à 34 ans, il ne fait pas grand-chose, il habite une maison minable dans une petite ruelle du quartier des imprimeurs de Tokyo, un gourbi humide dont il paye le loyer avec l'argent que lui donnent les femmes avec qui il couche, pour la plupart de jeunes bourgeoises mariées, et fêlées. Comme Hiroko, sa régulière, mariée à Tsutami, un homme d'affaires louche, yakuza, qui n'apprécie guère qu'elle le fasse cocu avec un gigolo minable, qu'elle en tombe amoureuse au point de s'enfuir du domicile conjugal en emportant un livre de comptes compromettant.

Un jour, dans la rue, Ôtsuki tombe sur Sugimoto, qui lui propose un job en apparence séduisant : terminer le film porno qu'un certain Kôyama, qui se prétend célèbre calligraphe, a commencé à faire tourner, avec pour vedettes sa soi-disant petite-fille, Tomoé, adolescente perturbée et perverse, et le répugnant, redoutable et vigoureux colosse Tabakatake. Il hésite à accepter, mais on lui force la main, et le salaire est très motivant. Le voici pris dans un engrenage redoutable, mortifère, une spirale d'événements tordus où tout le monde ment, et où les femmes, victimes en apparence, ne sont guère plus fiables que leurs bourreaux. À chaque scène, Ôtsuki risque sa pauvre peau et perd les pédales, et ni lui ni son lecteur ne savent plus s'il s'agit d'un rêve ou d'événements réels, sanglants. Tout cela, on s'en doute, ne se terminera pas très bien...

Pour son entrée dans le monde de la fiction, Hisaki Matsuura, professeur de littérature française, poète et critique littéraire, a conçu un thriller décalé et sophistiqué, angoissant, glauque, très nippon, qui n'est pas sans rappeler l'univers de L'empire des sens.

Hisaki Matsuura
Le calligraphe Traduit du japonais par Silvain Chupin
Rivages
Tirage: 5 000 ex.
Prix: 20 € (prov.) ; 352 p.
ISBN: 9782743650629

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