A l’issue d’une procédure étonnante, le tribunal de commerce de Créteil a accepté le plan de reprise de la SA Club international du livre France, éditrice du mensuel Reader’s Digest et de livres sous la même marque, présenté par le groupe espagnol SAPE (SA de Promotion et d’Edition). Ce groupe était pourtant l’actionnaire à 100 % de la société française, qu’il avait déclarée en cessation de paiement en décembre dernier. La seule autre offre de reprise soutenue devant le tribunal était présentée par Emmanuel Lecoq, l’ancien P-DG de l’entreprise, qui a dû quitter la société sur fond de conflit quelques mois après la prise de contrôle par la SAPE en mai 2013.
Le repreneur conserve 28 salariés sur 73 en CDI. Avec les pigistes et les CDD, Cub international employait au total 126 personnes. Ignacio Reiris, président de la SAPE, promet dans un communiqué un investissement de 2 millions d’euros "pour relancer la production de ses collections de livres, de disques et de vidéos".
Dans le livre, presque tous les salariés sont licenciés, notamment ceux qui produisaient des beaux livres pour la librairie et pour la vente par correspondance. Tous les projets du début d’année avaient été suspendus chez les imprimeurs, fin 2013. En revanche, l’éditrice chargée de "Sélection du livre" est maintenue dans ses fonctions. Cette collection publie chaque trimestre des recueils de quatre romans ou documents condensés, dont les droits sont achetés aux éditeurs. Hanno Schwar- zenegger, le P-DG de Club International, ne sait pas encore comment la production s’organisera dans la nouvelle configuration. "Nous avons besoin de quelques semaines pour faire le point", indique-t-il.
La SAPE avait repris Sélection France, en même temps que la filiale scandinave, recapitalisées au préalable par leur maison mère américaine. Le groupe espagnol, spécialisé dans la vente par correspondance, avait déjà racheté les filiales ibériques de Sélection. Outre sa notoriété, la valeur essentielle de la marque résidait dans son fichier clients, constitué notamment à partir des abonnés au mensuel, dont une nouvelle formule sera lancée en mai. Des campagnes de recrutement d’abonnés, "les premières depuis des années" selon SAPE, accompagneront cette relance. Mais "l’élément clé du projet SAPE porte sur la diffusion de sa gamme de produits auprès de ses clients français", insiste le président du groupe espagnol.
Hervé Hugueny
