Littératures de l’imaginaire

Un big bang prometteur

Olivier Dion

Un big bang prometteur

Avec un rajeunissement des équipes éditoriales, de nouvelles collections ambitieuses, une recherche de thématiques dans l’air du temps et des repositionnements en librairie, le secteur de l’imaginaire continue de détonner par son énergie et sa capacité de renouvellement. à la veille des Utopiales du 29 octobre au 3 novembre, les éditeurs croient en de beaux lendemains.

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Par Mylène Moulin,
Créé le 21.10.2016 à 01h30 ,
Mis à jour le 21.10.2016 à 08h50

Pas de fin du monde prévue, aucune invasion extraterrestre ni épidémie de zombies en perspective. Malgré une chute des ventes en 2015, due notamment à l’absence de locomotive comme Le trône de fer, le moral est au beau fixe chez les éditeurs de littératures de l’imaginaire qui se réuniront du 29 octobre au 3 novembre pour le festival nantais Les Utopiales. Pour Frédéric Weil, directeur général de Mnémos, l’année écoulée a été "très riche, dense et particulièrement passionnante à réaliser". Aux Moutons électriques, André-François Ruaud parle même "d’excellent cru". Chez Denoël, "2016 s’annonce très bien", selon Gilles Dumay. Quant au Bélial, qui fête ses 20 ans, son directeur Olivier Girard se dit "extrêmement satisfait avec un chiffre d’affaires livre qui a doublé en deux ans". Même constat chez les poids lourds du secteur comme Bragelonne, qui affiche en 2015 un chiffre d’affaires en hausse de 12 %.

"Il y a un retour en force de la science-fiction. Mais attention, une SF plus large, innovante et moins clivante" Audrey petit, livre de poche- Photo OLIVIER DION

Remarquable par sa capacité à se réinventer et à se questionner, le secteur met une énergie folle à anticiper les désirs de ses lecteurs et à leur proposer de nouveaux mondes à explorer. "Nous devons sans cesse nous diversifier, inventer ou réinventer des formes éditoriales : les intégrales, les reliés, les collectors, l’opération "10 ans 10 romans 10 euros" au mois de juin, le Mois du cuivre, Bragelonne Stars et ses reliures cuir, etc.", explique Stéphane Marsan, directeur de la publication de Bragelonne, qui compte développer dans les mois à venir les éditions spéciales et les beaux livres. Dans le même esprit, Les Moutons électriques publieront fin 2017 les premiers titres d’une collection de petits livres d’art sur des illustrateurs féeriques. Le Bélial lance "Wotan", une collection très ambitieuse dédiée aux livres d’art. Le premier titre, Gotland de Thomas Day et Nicolas Fructus, a été financé par crowdfunding et sortira le 27 octobre en très grand format relié et sous couverture embossée. Après "Une heure-lumière" consacrée aux courts romans de SF inédits, le Bélial a lancé la collection "Pulps" en avril. Dirigée par Pierre-Paul Durastanti, elle héberge les textes de l’âge d’or de la SF américaine ou de ceux qui s’en réclament. C’est dans cette collection que paraîtra l’œuvre mythique d’Edmond Hamilton Captain Future, une série d’une vingtaine de titres totalement inédits en France, mais connue dans le monde entier pour avoir inspiré le dessin animé culte Capitaine Flam. Les deux premiers tomes, L’empereur de l’espace et A la rescousse, paraîtront simultanément au premier semestre 2017.

Le fonds en avant

Chez plusieurs éditeurs la tendance est à la diversification. ActuSF, qui a fêté son centième titre au catalogue fin 2015, continue d’étendre son champ d’action. Après s’être lancée dans la jeunesse avec la publication des ouvrages de Danielle Martinigol, la maison inaugurera prochainement un label de romance en numérique intitulé "Bad Ass". En cette fin d’année, elle entame également une remise en avant de son fonds avec le lancement d’une nouvelle collection baptisée "Bad wolf" qui va regrouper tous ses titres fantasy. Mnémos poursuit sa politique patrimoniale en publiant des éditions intégrales des grands titres d’imaginaire. Elle publiera en novembre Ortog d’André Ruellan, un joyau de l’imaginaire francophone, puis en janvier Histoire du futur de Robert Heinlein en un seul volume. Enfin, en avril 2017, l’éditeur prévoit une intégrale d’un autre auteur monstre sacré de la SF, Le cycle de Linn de Van Vogt. A l’approche de ses 30 ans, L’Atalante multiplie les nouvelles éditions et a lancé avec succès l’an dernier une collection "Classiques de l’imaginaire" qui puise dans le fonds le plus littéraire et emblématique de ses publications depuis 1988. Chez Pocket, "Science-fiction" va devenir "Pocket imaginaire" et retrouver ses fameuses couvertures argentées. "Ce clin d’œil au passé de la collection s’accompagne d’une typographie spécifique à chacun des grands genres (SF, fantasy, fantastique) représentés. Chaque titre sera clairement positionné avec la mention en dos et 4e de couverture du genre auquel il appartient. Tout cela pour une collection mieux identifiée visuellement et aux champs mieux définis", explique Stéphane Desa, directeur de collection des littératures de l’imaginaire pour Fleuve éditions et Pocket.

Resserrer l’offre

Tandis que certains misent sur la diversification de leur offre, d’autres font le choix de la resserrer en ciblant des lectorats spécifiques. Conscient de la difficulté croissante à toucher le grand public, le directeur de Scrineo Jean-Paul Arif a choisi d’ajuster son positionnement en ciblant en priorité le lectorat captif et les amateurs de séries avec une trentaine de titres par an. Cela se traduit par le lancement d’une nouvelle collection adulte de space opera et SF dirigée par Stéphanie Nicot : le premier titre, Les océans stellaires de Loïc Henry qui vient de paraître, sera suivi du nouveau roman de Laurent Genefort en février. De mieux en mieux représenté dans les rayons imaginaire, l’éditeur accueille en octobre deux nouveaux auteurs confirmés du genre : Carina Rozenfeld et Loïc Le Borgne.

Chez J’ai lu, le poche subira l’an prochain une importante mutation. La collection va être entièrement relookée et les treize volumes poche du Trône de fer proposés dans une nouvelle édition. "Nous allons accentuer le travail promotionnel grâce à l’arrivée de Manuel Soufflard, nouveau chef de groupe au marketing, et nous travaillerons aussi à rendre disponibles toujours plus de textes au format numérique", détaille Thibaud Eliroff, directeur des collections "J’ai lu. Science-fiction" et "Nouveaux millénaires". En poche, la maison publiera en mai 2017 LoveStar de l’Islandais Andri Snær Magnason, grand prix de l’Imaginaire en 2016, initialement paru chez Zulma. En grand format, Thibaud Eliroff souhaite repositionner "Nouveaux millénaires" sur un créneau plus spécialisé. "Cette collection, qui avait débuté comme un ensemble hétéroclite de textes susceptibles de séduire toutes sortes de publics, n’a réussi à convaincre que lorsqu’elle s’adressait au cœur de cible de la science-fiction. Nous en avons pris acte et décidé de publier davantage de science-fiction destinée à un public exigeant en la matière", explique l’éditeur. Cela a commencé par la publication début octobre du premier volume de L’exégèse de Philip K. Dick. Testament littéraire et intellectuel de l’auteur américain, ce magnum opus est publié en deux épais et luxueux volumes (le deuxième ne sortira pas avant fin 2017).

Changement de cap

Marqué par le départ de Charles Dupêchez et l’arrivée de Florence Lottin, Pygmalion vit un tournant inédit dans son histoire : nouveau logo, nouvelle ligne graphique glamour, offre éditoriale plus resserrée. "En cette période de repositionnement de la ligne éditoriale, nous avons d’ores et déjà réduit le nombre de parutions à l’année, opérant une sélection plus stricte", explique la nouvelle directrice éditoriale. En imaginaire, Pygmalion se concentrera désormais sur ses auteurs phares : George R. R. Martin et Robin Hobb, tout en s’autorisant des coups de cœur tels que Déracinée, le premier "vrai" roman de Naomi Novik optionné par la Warner Bros.

"Ma volonté est d’ouvrir les littératures de l’imaginaire au grand public." Stéphane Desa, fleuve éDITIONS- Photo OLIVIER DION

Du changement aussi chez Fleuve éditions qui a relancé son offre en imaginaire avec la création d’"Outre-fleuve" en mars 2016. "Cela signe notre grand retour dans l’imaginaire, annonce Stéphane Desa, directeur de la collection. D’un point de vue éditorial, ma volonté est d’ouvrir les littératures de l’imaginaire au grand public. Un vœu pieux qui passe par le fait de proposer des livres qui jouent sur les codes de la culture populaire actuelle. Bien sûr, pour gagner notre pari, il va falloir passer par un plan communication et marketing ambitieux." Dans cette optique, Fleuve a lancé un concours d’écriture "Nouveaux mondes & trahisons" parrainé par l’écrivain Michel Robert. Le lauréat sera publié en "Outre-fleuve" en 2017. Côté programme, de nouvelles plumes rejoignent le catalogue aux côtés des auteurs phares de la maison comme China Miéville, dont le nouveau roman Merfer vient de paraître. Parmi eux, l’une des reines montantes de la fantasy mondiale, Aliette de Bodard, avec La chute de la maison aux flèches d’argent ou encore Amish Tripathi et sa trilogie de fantasy indienne, Les immortels de Meluah, prévue fin 2017.

Retour de la SF

Longtemps occultée par les grands succès de fantasy, la science-fiction refait progressivement surface en librairie, en grand format comme en poche. En 2015, le genre représentait 39 % des volumes écoulés en imaginaire et connaissait une hausse en valeur de 2,9 % selon GFK. Une tendance forte constatée par Pascal Godbillon chez Gallimard où "Folio SF" affiche une progression de presque 25 % en deux ans. L’éditeur devrait encore être présent en librairie cette année avec un programme marqué par de nombreux grands noms du genre : Robert Charles Wilson et son dernier roman Les derniers jours du paradis, Ian McDonald, Thomas Day, Glen Duncan, Laurent Genefort… Pour le premier semestre 2017, "Folio SF" réserve de belles découvertes, comme Suréquipée du libraire Grégoire Courtois (Obliques, à Auxerre), publié au Québec en 2015, et quelques inédits tels que Les geôliers, un thriller fantastique de Serge Brussolo, et La panse, brillant roman de Léo Henry. Chez Denoël, Gilles Dumay, directeur de "Lunes d’encre", constate également un regain d’intérêt pour les ouvrages de science-fiction. En "Lunes d’encre", les lancements SF ont très bien démarré cette année et le recueil Infinités de Vandana Singh a fait beaucoup couler d’encre virtuelle sur les blogs. "On sent plus que jamais un public féminin qui s’intéresse aux thèmes de la science-fiction, à condition de lui proposer une science-fiction qui met le personnage en avant", analyse Gilles Dumay. Au Livre de poche, où sont prévus 42 titres en imaginaire, Audrey Petit confirme le retour en force de la science-fiction. "Mais attention, une SF plus large, innovante et moins clivante", explique l’éditrice, qui travaille à rendre les couvertures de ses nouveautés plus attrayantes pour le grand public. En cette rentrée, Audrey Petit mise sur Limbo de Bernard Wolfe, publié en grand format dans une nouvelle traduction préfacée par Gérard Klein et tirée à 10 000 exemplaires. Outre ses best-sellers - Maxime Chattam, Stephen King et Bernard Werber -, la maison de poches accompagnera plusieurs inédits en grand format dont Le sommeil des géants (vol. 1 des Dossiers Thémis) de Sylvain Neuvel. Thriller SF à la jonction de World war Z et de Prometheus, ce premier roman événement traduit dans 14 pays et en cours d’adaptation au cinéma paraîtra en France en janvier 2017.

Aux côtés de la littérature d’anticipation, les romans d’imaginaire ancrés dans le réel captent aussi l’attention du marché. Chez Scrineo, Jean-Paul Arif note que ses plus gros succès sont des romans aux sujets contemporains tels que Le roi des fauves et Les loups chantants dans lesquels Aurélie Wellenstein questionne notre rapport à la nature et aux éléments. Chez ActuSF, Jérôme Vincent publie cette année trois romans qui questionnent notre présent. Dans Anasterry, paru en août, Isabelle Bauthian s’interroge sur les systèmes politiques et la construction des utopies. Ce mois-ci, Christophe Arleston signe avec Le souper des maléfices une fantasy économique autour d’une grande enquête sur un blé de mauvaise qualité qui déstabilise l’économie d’un royaume, tandis qu’Audrey Alwett plonge le lecteur dans le quotidien d’une ville-prison avec Les poisons de Katharz.

 

Têtes d’affiches

Enfin, des éditeurs qui ont réinvesti récemment le rayon préparent de nombreux "coups éditoriaux". En "Exofictions", Actes Sud vient de publier Phare 23, le nouveau Hugh Howey, et s’apprête à lancer l'auteur chinois Liu Cixin, superstar en Chine et aux Etats-Unis avec Le problème à trois corps, qui mêle invasion extraterrestre et Révolution culturelle. Lattès publie début novembre le premier tome de La reine du tearling, une grande saga fantasy de l’Américaine Erika Johansen. De son côté, l’éditeur indépendant L’Atalante prépare la suite d’Une histoire naturelle des dragons de l’Américaine Marie Brennan. A la rentrée 2017, Inculte devrait faire le buzz avec le lancement en français de Jerusalem, le deuxième roman d’Alan Moore, un roman-fleuve de plus de 3 millions de signes. Au Diable vauvert prévoit en novembre Scintillements, une anthologie d’Ayerdhal composée de 40 nouvelles dont 10 inédites qui sera lancée en exclusivité pendant les Utopiales à un an de la disparition de l’auteur. Les Moutons électriques, quant à eux, lanceront en janvier l’une des voix majeures de la fantasy américaine oubliée en France : Lisa Goldstein. A paraître en "Lunes d’encre", La bibliothèque de Mount Char de Scott Hawkins sera probablement un des événements littéraires de l’année. Au Diable vauvert publiera un nouveau titre de Neil Gaiman, La vérité est une grotte dans les montagnes noires. Bragelonne annonce le nouveau Terry Goodkind intitulé La maîtresse de la mort (janvier) et la nouvelle série d’Anthony Ryan Le sang du dragon (mai). Enfin, la maison spécialisée publiera le titre qui fit beaucoup parler de lui à Francfort : All our wrong todays d’Elan Mastai.

La fantasy et la SF en chiffres

Le temps des francophones

 

Longtemps dominée par les Anglo-Saxons, la production en imaginaire fait aujourd’hui la part belle aux auteurs francophones. les éditeurs spécialisés mettent tout en œuvre pour les faire connaître à l’étranger et se faire une place sur le marché des droits.

 

Stéphane Marsan directeur de la publication chez Bragelonne- Photo OLIVIER DION

C’est désormais le nerf de la guerre. Longtemps boudés par les éditeurs, les écrivains francophones sont devenus très porteurs sur le marché de l’imaginaire. Bragelonne aborde même la fin de 2016 avec de nombreux talents de langue française. Manon Fargetton, jeune auteure déjà couronnée par 20 prix littéraires dont le prix Imaginales 2016, revient avec Les illusions de Sav-Loar, tandis que Olivier Gay, connu pour ses romans jeunesse et ses polars, signe La main de l’empereur. L’éditeur annonce également pour février 2017 l’arrivée de Pierre Bordage au catalogue avec Arkane, un diptyque fantasy dont la première partie sortira en édition reliée. Enfin, en avril, Bragelonne publiera le premier tome d’une trilogie ambitieuse du Français Paul Beorn, étoile montante de la fantasy hexagonale. Au Diable vauvert, le programme littéraire sera teinté d’imaginaire et fera, lui aussi, la part belle aux auteurs francophones. En janvier débutera la publication des Contes du soleil noir, une féerie en 5 volumes d’Alex D. Jestaire. Ce texte très contemporain est le coup de cœur de Marion Mazauric, directrice de la maison. En fin d’année 2017, elle publiera également la trilogie fantasy d’un jeune auteur. Pour l’éditrice, la vivacité des genres de l’imaginaire en France est indéniable. "La pénétration et l’expansion des genres de l’imaginaire dans notre société se reflètent fortement en littérature. Il y a une créativité incroyable dans les domaines de l’hyperfiction, de la SF et de la fantasy, surtout chez les jeunes auteurs", analyse-t-elle.

Pionnier dans le domaine avec son catalogue francophone, Actu SF édite aussi bien les jeunes auteurs comme Jean-Laurent Del Socorro ou Karim Berrouka que les plumes confirmées telles Jean-Pierre Andrevon ou Fabien Clavel. Le club des punks contre l’apocalypse zombie de Karim Berrouka paru en mai vient d’ailleurs d’être réimprimé pour la deuxième fois. Aux Moutons électriques, la colonne vertébrale du catalogue s’est consolidée cette année avec la poursuite de séries de fantasy francophones signées Nathalie Dau, Stefan Platteau ou Chloé Chevalier. "Le club de Michel Pagel a aussi été une bonne surprise, avec trois petits tirages successifs pour une mise en place actuelle de 2 000 exemplaires", se réjouit André-François Ruaud, à la tête des Moutons électriques.

Moins frileux, les éditeurs n’hésitent plus à publier des premiers romans, voire à se lancer dans des séries complètes signées par de parfaits inconnus. Le Bélial a par exemple commencé à publier en 2015 la tétralogie Origines de Stéphane Przybylski, une œuvre de grande ampleur mêlant récit historique, théories conspirationnistes à la manière de X-Files et espionnage. Le premier tome, Le château des millions d’années, avoisine les 5 000 ventes, le troisième publié cet été se comporte très bien en librairie, et la série pourrait prochainement être adaptée en BD. Chez Scrineo, les nouveaux talents français sont aussi à l’honneur avec la parution en octobre de La part des ombres, un spin-off des précédentes séries de Gabriel Katz, puis d’ouvrages signés Cindy Van Wilder et Agnès Marot. La maison mise aussi sur L’aura noire, premier roman dark et girly de Ruberto Sanquer, où se croisent sorcières et démons dans un monde post-apocalyptique (janvier). Pas en reste, Denoël "Lunes d’encre" vient de lancer le premier roman de Romain Lucazeau, Latium. Ce space opera qui mêle uchronie et philosophie est composé de deux tomes dont le premier est paru début octobre et le deuxième paraîtra le 4 novembre. Mnémos lancera en début d’année sa nouvelle découverte en fantasy, Sénéchal de Grégory Da Rosa, un roman issu de la rencontre de Machiavel, d’Umberto Eco et de Jean-Philippe Jaworski.

Cap sur l’étranger

Accompagnant l’expansion mondiale de la culture "geek", les auteurs francophones se font progressivement une place dans les catalogues d’imaginaire hors de nos frontières. Cette année, pour la première fois, Les Moutons électriques ont vendu des titres au Japon et en Corée du Sud. Contacté par un gros agent anglo-saxon désireux de représenter ses auteurs francophones, le Bélial devrait s’engager prochainement sur la voie de la vente de droits. Chez "Lunes d’encre", le cycle d’Omale de Laurent Genefort a été cédé au Japon, et Trois oboles pour Charon de Franck Ferric en République tchèque. Mnémos travaille sur plusieurs pistes sérieuses en cours qui devraient déboucher sur des contrats en 2017. "En termes de vente, nous nous sommes aperçus que les éditeurs étrangers étaient plus sensibles à des titres ayant une forme ou une autre de "terroir" français, soit par leur toile de fond, leur décor ou par leur style", analyse le fondateur de la maison, Frédéric Weil. Un point de vue partagé par Stéphane Marsan chez Bragelonne, qui observe que les titres les plus largement exportés sont ceux dont l’intrigue est clairement ancrée dans le paysage français comme Les lames du Cardinal de Pierre Pevel traduit en quatorze langues dont l’anglais, ou 14-14 de Silène Edgar et Paul Beorn.

Meilleures ventes : le phénomène "Silo"

Comme à l’accoutumée, George R. R. Martin, Stephen King, Maxime Chattam et Bernard Werber dominent notre palmarès annuel GFK/Livres Hebdo des meilleures ventes en littérature de l’imaginaire. L’auteur des Fourmis (26e en poche) se hisse en tête du classement avec Le sixième sommeil, publié en grand format par Albin Michel. Lancées par J’ai lu, les intégrales du Trône de fer de George R. R. Martin font toujours un carton, tout comme L’œuf de dragon (J’ai lu), dernier roman de l’auteur américain qui réalise un score honorable en se positionnant 35e. Phénomène des ventes depuis son entrée en librairie en 2011, Hugh Howey s’est fait une belle place au soleil : les trois tomes de sa saga Silo réédités en Babel se placent en 22e, 37e, et 42e positions. La version poche du premier volume de Silo (Livre de poche) confirme l’engouement des lecteurs en se hissant à la 5e place du classement. Boostée par son adaptation au cinéma, la version poche de Seul sur Mars (Andy Weir) publiée par Milady s’offre quant à elle la 4e place du Top 50. Le label poche de Bragelonne renforce ainsi sa présence avec pas moins de cinq titres au classement, dont les trois premiers tomes de sa série à succès Sorceleur du Polonais Andrzej Sapkowski (16e, 27e et 38e positions). En poche, les classiques font toujours recette : Le meilleur des mondes (Pocket) d’Aldous Huxley monte sur la 2e marche du podium tandis que Fahrenheit 451 (Folio) de Ray Bradbury se hisse en 6e position. A noter enfin l’entrée au Top 50 du tome 1 chez Folio de La passe-miroir, série multiprimée de la jeune auteure française Christelle Dabos (47e).

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