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Certains, les plus jeunes, étaient déjà présents sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram…) pour trouver de nouveaux lecteurs. Cette fois, la réponse des bouquinistes de Paris aux défis de la modernité – et de la pandémie – est collective. A l’initiative de David Nosek, présent depuis plus de trente ans sur les quais, une cinquantaine d’entre eux (sur un peu plus de 200) ont lancé bouquinistesdeparis.com en octobre dernier. Le site recense aujourd’hui 2014 références, contre 300 à son lancement. Il espère atteindre les 10000 titres proposés à la vente d’ici le printemps. Gratuit pour ses membres, il sert de vitrine et est ouvert à tous les bouquinistes parisiens traditionnels. Ceux qui accordent trop de place aux souvenirs pour touristes (environ 20 % de la profession) sont exclus.

La plateforme n’est pas un site marchand au sens classique du terme : aucune transaction n’est possible en ligne. Le client qui valide son panier doit envoyer son bon de commande par mail pour finaliser l’achat. L’esprit bouquiniste est préservé puisque c’est à ce moment que se négocient les frais de port et les conditions de règlement. Les débuts sont encore modestes : selon David Nosek, une cinquantaine de livres ont été vendus pour un peu moins de 3000 euros. « Nous avons beaucoup de visiteurs depuis que le New York Times nous a consacré un article début novembre, mais pas encore beaucoup d’achats », s’amuse le vendeur.

Au sein des bouquinistes, l’initiative est globalement appréciée, même si elle ne fait pas l’unanimité. Certains vendeurs ne conçoivent pas leur métier autrement qu’à travers le contact humain sur les bords de Seine, quand d’autres manquent simplement des compétences informatiques pour se lancer. « Au total nous espérons rassembler une centaine de bouquinistes », estime David Nosek.

Pour la profession, inscrite l’an dernier à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel en France, les conséquences de la crise sanitaire sont dramatiques. Les bouquinistes accusent en moyenne 80 % de baisse de leurs revenus en 2020. Avec cette initiative, ils n’espèrent pas compenser leurs pertes, mais capter un peu de lumière – David Nosek rêverait d’un reportage de "La Grande Librairie" sur France 5 –, en attendant le retour des beaux jours.

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