On n'oublie pas l'été de ses 16 ans. L'âge où tout est possible. Ou impossible, c'est selon. Flavien appelle Clément, mais la sonnerie résonne dans le vide. Pourtant Clément est là, à côté, dans la chambre de Josefina, sa petite sœur. Pourquoi ne répond-il pas alors que sa mémoire et sa rétine sont encore éblouies par le bel été passé avec Flavien ? L'espiègle Josefina, qui a le don de faire apparaître son frère, le taquine à propos de son histoire et cache le téléphone dans son dos. Malgré la légèreté et la désinvolture propres à toute jeunesse, dès le début on sent que quelque chose cloche. On devine entre les lignes que le véritable thème n'est pas l'amour, ni même la relation frère/sœur mais la place laissée par les êtres chers qui ont disparu. Que faire des souvenirs lourds à porter ? Quand Clément voudrait résilier le forfait de son téléphone plein de photos du bel été perdu et mettre à la casse son vieux scooter resté au garage, Josefina, elle, veut continuer d'écouter la musique préférée de son frère, commenter ses selfies et porter son pull. Entre réel et imaginaire, Christophe Pellet invite dans ses dialogues ciselés les vivants, tous les vivants, animaux compris, mais aussi les fantômes. Le renard des neiges collé sur le portable s'exprime au même titre que la luciole, « une étoile tombée par terre ». Le texte est comme brumisé dans une atmosphère poétique et apaisée où les disparus ne le sont jamais totalement. Entre autres pouvoirs, les mots de Christophe Pellet ont aussi celui d'adoucir le chagrin de la perte.