Journal du confinement

Cristina Piovani : "ce n’est pas facile en ce moment d’avoir des certitudes"

Cristina Piovani - Photo DR.

Cristina Piovani : "ce n’est pas facile en ce moment d’avoir des certitudes"

Vingt-troisième épisode du Journal du confinement de Livres Hebdo, rédigé à tour de rôle par différents professionnels du livre. Aujourd'hui Cristina Piovani, avocate au barreau de Rome et de Paris, coorganisatrice du festival Italissimo, reporté à l'automne.

J’achète l’article 1.5 €

Par Michel Puche,
Créé le 11.04.2020 à 13h00

« 24e jour de confinement. Je jette un regard furtif à ces cartons qui traînent chez moi : des centaines de programmes du festival Italissimo encore en liasses...

Le 5 avril, j’aurais dû être à la Maison de la Poésie, avec Marco Lodoli, Sylvain Prudhomme et Louise Boudonnat. Les écouter débattre d’écriture, de fiction, de mise en abyme littéraire.
 
La décision de reporter la cinquième édition du festival Italissimo à l’automne prochain a été prise le vendredi 13 mars, justement à la Maison de la Poésie, chef-lieu de nos rencontres littéraires. Pendant plusieurs mois, avec Evelyn Prawidlo et Fabio Gambaro, les cofondateurs et conseillers littéraires du festival, nous avions concocté un programme dont j’étais particulièrement fière : une semaine riche de rencontres, de lectures, d’évènements, entre France et Italie pour donner au public français le goût de la découverte ou parfois de la redécouverte pour une littérature et une culture qui me tiennent profondément à cœur.

« Pas facile en ce moment de parler au futur »
 
Depuis quelques semaines déjà, en apprenant les nouvelles d’Italie, je savais que l’annulation était à craindre. Ce vendredi-là, avec Olivier Chaudenson, directeur de la Maison de la Poésie, nous avions donc cherché une alternative possible à l’annulation pure et simple. Pas facile car à chaque option – à bien y réfléchir – surgissait un nouveau problème...
L’après-midi du 13 mars, je suis rentrée chez moi avec 4000 exemplaires imprimés du programme bons pour le pilon, mais aussi avec de nouvelles dates, en octobre. De quoi garder le moral.
 
Depuis, je vis confinée en banlieue parisienne. Je suis avocate en propriété littéraire et artistique et à la naissance de mon fils, je me suis organisée pour pouvoir réaliser une partie de mon travail à la maison. Je travaille beaucoup avec l’Italie et j’avais déjà appris à garder des liens à distance. A présent, tout cela redevient utile mais a pris un sens différent.
 
Après un premier moment d'effarement, nous avons recommencé à travailler pour Italissimo. Nous devons désormais reprendre toute l’organisation avec les nouvelles dates de la mi-octobre. Obtenir la disponibilité des invités, des modérateurs, des lieux, des prestataires, des financeurs. Ils seront tous certainement très sollicités quand tout repartira.  Mais ce n’est pas facile en ce moment de parler au futur, d’avoir des certitudes.

Le maintien des aides aux manifestations
 
Jour après jour, je suis l’évolution de la crise en Italie à travers la lecture des articles des auteurs invités du festival : Paolo Giordano a écrit un livre sur les mathématiques de la contagion, à partir de ses articles du Corriere della Sera (Contagions”, déjà traduit en français et disponible en accès libre aux éditions du Seuil), Francesca Melandri et Ottavia Casagrande ont publié des articles dans Libération et BibliObs. Paolo Rumiz, écrivain voyageur, Zerocalcare, auteur de bandes dessinées et Ascanio Celestini, écrivain et dramaturge, eux aussi tiennent leurs “journaux de quarantaine”.
 
Je me dis : "Un jour après l’autre, une chose à la fois". C’est ma devise quand je sens que les émotions me dépassent.
Je pense au présent, à ce qu’il y a de positif.
Le contact avec les festivaliers à travers les réseaux sociaux, les réponses aux messages de soutien.
Le CNL et la Sofia qui maintiennent les aides aux manifestations (une magnifique nouvelle, car nous pouvons rémunérer tous les auteurs et les traducteurs).
La rencontre de Nadia Terranova avec les étudiants du Lycée italien Leonardo Da Vinci de Paris qui a eu lieu malgré tout via Skype. Dans leurs cartons, nos programmes papier indiquent pour cette rencontre le bon jour et la bonne heure : promesse tenue. »

Et vous ? Racontez-nous comment vous vous adaptez, les difficultés que vous rencontrez et les solutions que vous inventez en écrivant à: confinement@livreshebdo.fr

Les dernières
actualités