Sans conteste, dans la course aux grands prix d’automne 2025, La nuit au cœur de Nathacha Appanah (Gallimard), roman plébiscité des libraires d’après le Palmarès de la rentrée Livres Hebdo, est le titre le plus sélectionné de la saison avec pas moins de cinq nominations sur sept parmi les grands prix littéraires historiques d'automne, selon notre décompte. Le roman figure en effet dans les premières sélections des prix Goncourt, Renaudot, Médicis, Femina et Académie française. Seuls les jurys des prix Interallié et Décembre ne l'ont pas retenu.
Du côté des auteurs…
Derrière, pas moins de cinq titres sont nommés dans trois premières sélections, ceux d’Emmanuel Carrère, Laurent Mauvignier, Jakuta Alikavazovic, Maria Pourchet et Alfred de Montesquiou.
Sur le fond, la thématique phare des relations filiales, identifiée pour cette rentrée par la presse, à commencer par Livres Hebdo, se retrouve dans ces premières sélections.
Jakuta Alikavazovic, Emmanuel Carrère, Ramsès Kefi et Justine Lévy s’attachent à leur mère. Alors qu'Anne Berest, Catherine Girard, Anthony Passeron ou Vanessa Schneider évoquent leur père. Quand Yanick Lahens, Caroline Larmarche ou Laurent Mauvignier, remontent plus loin dans leur généalogie.
Invention formelle
Les approches plus romanesques qu’ont longtemps privilégiées les jurys, du Goncourt et du Renaudot notamment, ne sont pas oubliées. Citons Michel Bussi, David Diop, Adélaïde de Clermont-Tonnerre et Pierre Jourde. Tout comme les romans animés par la volonté d’embrasser notre modernité dans sa complexité, qu’on pourrait qualifier de houellebecquiens ou de despentesques. Citons par exemple ceux de Sarah Chiche, Nathan Devers, Joseph Incardona (tout juste couronné du prix des Deux Magots) ou Fabrice Pliskin.
Ce sont les propositions plus expérimentales qui semblent moins nombreuses. Même si les jurys ont remarqué les livres d’Hélène Laurain, Céline Minard, Alexandre Postel et Laura Vazquez. Mais l’exploration familiale n’interdit pas l’invention formelle comme le démontre le texte de Jakuta Alikavazovic comme celui d’Anthony Passeron.
Sur la forme, parmi les 57 sélectionnés au total cette année, 17 le sont dans deux prix, dont deux premiers romans – Il pleut sur la parade de Lucie-Anne Belgy (Gallimard – Femina / Décembre) et Quatre jours sans ma mère de Ramsès Kefi (Philippe Rey – Renaudot / Académie française). En tout, sept premiers romans sont parvenus à intégrer au moins l'une des listes des grands prix d'automne.
Les premiers romans sélectionnés
Trois des premiers romans proviennent d’éditeurs indépendants, qui sont représentés au total par neuf titres cette année, dont deux provenant de Sabine Wespieser éditeur (Passagères de nuit de Yanick Lahens – Goncourt / Académie et Officier Radio de Marie Richeux – Fémina / Médicis).
Les titres issus d'éditeurs indépendants sélectionnés
Du côté des maisons et des groupes…
Concernant les maisons d’édition, Grasset, malgré l’absence de titres dans les listes du Goncourt et du Médicis, place six romans cette année, soit autant que Gallimard et deux fois plus qu’Albin Michel, P.O.L et Stock. Le Seuil place cette année deux titres, comme Julliard, Flammarion, Robert Laffont, Les Équateurs…
Au niveau des groupes, Madrigall est largement le plus représenté avec 17 titres, contre dix pour Editis et Hachette, six pour Albin Michel, trois pour Média Participations et deux pour Actes Sud.
La deuxième sélection du Femina révélée lundi 29 septembre a déjà sorti trois titres de la course aux grands prix d’automne 2025. Il en reste 54 encore suspendus aux décisions des jurés dont les deuxièmes listes sont attendues d’ici la mi-octobre. À commencer par celle du prix Goncourt, dès ce mardi 7 octobre.