Le père Michel-Marie Zanotti-Sorkine, ancien chanteur de cabaret et curé de la paroisse catholique Les Réformés, l’une des plus fréquentées de Marseille, sur les hauts de la Canebière, est un véritable phénomène éditorial. « C’est un écrivain, beaucoup plus qu’un “écriveur ecclésiastique?, si vous me passez l’expression », estime Grégory Solari, éditeur de son premier titre, De l’amour en éclats (Ad Solem, 2003), qui ne s’est vendu qu’à 1 339 exemplaires. Ils ont publié ensemble 5 titres, jusqu’à Homme et prêtre (2011, 13 000 exemplaires). Depuis, le père Zanotti-Sorkine a réussi sa percée grand public en passant chez Robert Laffont : Au diable la tiédeur s’est vendu à plus de 25 000 exemplaires depuis octobre. Chez Artège, Croire : questions éternelles, réponses actuelles en est à plus de 15 000 exemplaires en cinq mois.

Quatre petits bouts de pain de Magda Hollander-Lafon (Albin Michel) a aussi créé l’événement. Cette sobre et profonde méditation sur la vie s’est vendue à 35 000 exemplaires et sort encore à 100 exemplaires par jour un an après. Les livres de témoignage dans les domaines de la spiritualité et de la vie intérieure retiennent de plus en plus l’attention, du moins si la parole est personnelle et forte. Ainsi, récemment, Sauver nos vies de Nathalie Sarthou-Lajus (Albin Michel), VITRIOL d’Anne de Gandt, Même la nuit quand je dors d’Anne Dodemant (Albin Michel), ou encore Remonter la Marne de Jean-Paul Kaufmann (Fayard) traitent de la renaissance après une rupture amoureuse, de l’inceste, du suicide, de la force et de la faiblesse, du silence et de la grâce. « Ces livres dépassent les frontières de la foi, analyse le journaliste et écrivain Christophe Henning. Les auteurs sont des témoins de la fibre spirituelle. On cherchait hier des témoins de la foi, aujourd’hui ce sont des témoins de vie. »

Les chemins de la foi.

Dans cette veine, Les Arènes se sont également fait remarquer comme précurseurs avec Une larme m’a sauvée d’Angèle Lieby (110 000 exemplaires), Deux petits pas sur le sable mouillé d’Anne-Dauphine Julliand (210 000 exemplaires), et Une autre vie est possible de Jean-Claude Guillebaud (L’Iconoclaste, 35 000 exemplaires). L’éditeur espère poursuivre son envol avec le prochain Anne-Dauphine Julliand, Une journée particulière (mai, mise en place 40 000 exemplaires). JC Lattès investit de son côté dans C’est une étrange aventure que de survivre, paru le 13 mars, dans lequel Olivier Le Gendre (Confession d’un cardinal, L’espérance du cardinal) s’interroge sur les difficultés de l’Eglise à travers le double traumatisme du tsunami de 2004 et d’une grave maladie qui l’a frappé.

Aux éditions de l’Œuvre, même si on est encore loin du succès du Prix à payer de Joseph Fadelle (80 000 exemplaires), Que celui qui n’a jamais péché… du père Jean-Philippe, prêtre auprès des toxicomanes, des prisonniers, des SDF et des prostituées, approche doucement des 10 000 exemplaires. On n’oubliera pas non plus l’autobiographie de Diam’s (Don Quichotte), où l’ancienne rappeuse confie le chemin de sa conversion à l’islam (57 000 exemplaires).

Thierry Bizot, qui avait témoigné dans Catholique anonyme (Seuil) avec le succès que l’on sait, prolongé par le film Qui a envie d’être aimé ?, a publié en janvier dernier Premier pas d’un apprenti chrétien (Bayard). Il raconte les déceptions et les émerveillements de sa nouvelle vie de croyant en reprenant, enrichies, les meilleures chroniques de son blog. De son côté, Mgr Giraud, évêque de Soissons (Aisne), poste tous les jours, depuis 2011, des « twittomélies » pour « semer une goutte spirituelle sur les réseaux sociaux ». De fait, Internet et les réseaux sociaux ont bouleversé l’expression de la spiritualité et même de l’engagement communautaire. On ne compte plus les paroisses virtuelles, les chats spirituels… En mai, Isabelle Jonveaux publie Dieu en ligne (Bayard), une étude sociologique sur l’Eglise et la Toile. <

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