Suède

La foire du livre de Göteborg bannit l’extrême-droite

Salon du livre de Göteborg en 2010 / Boberger - Licence CC BY

La foire du livre de Göteborg bannit l’extrême-droite

La direction du salon a refusé d’accueillir des exposants d’extrême droite après que des auteurs se sont indignés de leur présence l’an dernier.
 

Par Nicolas Turcev,
avec The Bookseller Créé le 02.10.2018 à 17h06

Le salon du livre suédois de Göteborg, le deuxième plus grand d’Europe après celui de Francfort, a banni les éditeurs d’extrême droite de son édition 2018 qui se déroulait du 27 au 30 septembre.
 
L’an dernier, la foire s’était retrouvée sous le feu des critiques pour avoir accueilli le journal de droite radicale Nya Tider. Emmenés par l’écrivain kenyan Ngugi wa Thiong’o, près de 200 auteurs avaient choisi de boycotter l’événement en signe de protestation. Dans un contexte de montée du parti populiste et anti-immigration Les Démocrates de Suède, des militants néo-nazis avaient défilé dans la ville, provoquant des affrontements avec des activistes antifascistes et la police.
 
La nouvelle dirigeante du festival, Frida Edman, regrette une "crise [qui] a accaparé toute l’attention et a fait oublier les auteurs. Au bout du compte, il fallait décider ce qui était le plus important, et la réponse est : la littérature et les rencontres entre auteurs et écrivains", a déclaré la responsable pour justifier sa décision de refuser l’accès au salon à certains éditeurs cette année.

Respect
 
En écho aux événements de l’an dernier, les discussions et conférences de l’édition 2018 se focalisaient sur la thématique du "respect", déclinée dans une programmation qui abordait le mouvement #metoo, les questions d’égalité et de racisme ou encore le populisme, alors que la Suède sort d’élections législatives qui ont vu le parti d’extrême droite arriver en troisième position avec 17,5% des voix – un fait inédit pour ce pays réputé libéral et modéré.
 
Le Foire de Francfort, qui ouvrira ses portes le 10 octobre 2018, avait elle aussi été critiquée pour avoir accueilli des publications radicales. Néanmoins, en tant qu’événement financé par les contribuables allemands, le festival est contraint d’accueillir tous les acteurs du livre qui souhaitent participer, peu importe leur obédience idéologique.
 
"Nous devons refléter ce qui se passe dans la société, et ne pouvons pas exclure ceux qui respectent la loi", explique le directeur de la Foire, Jürgen Boss. Ce dernier précise par ailleurs que cette année sera consacrée au 70e anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme par l’Onu, signe que les organisateurs entendent tout de même canaliser les débats autour de valeurs progressistes alors que l'Allemagne est elle-même confrontée à une montée du parti de l'extrême droite, l'AfD.

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