Chine

Le dessinateur et caricaturiste chinois Jiang Yefei a été condamné à six ans et demi de prison spour "subversion du pouvoir d'état" et "franchissement illégal de la frontière". Le procès avait été tenu secret et la condamnation datant du 13 juillet n'a été révélée par Reporters sans frontières que le 28 juillet. 

Jiang Yefei, 50 ans, est principalement réputé pour ses dessins satiriques et politiques - il croque régulièrement le président chinois Xi Jinping - publiés dans le webzine américain Boxun. Après avoir été plusieurs fois emprisonné et torturé, il s'était réfugié en Thaïlande depuis 2008. Puis il avait été arrêté en octobre 2015 à la demande des autorités chinoises.

Le Monde avait retracé les événements début 2016: "Chu Ling, l’épouse de M. Jiang qui vivait avec lui en Thaïlande, affirme que son mari a été trompé le 12 novembre par des officiels thaïs et chinois qui lui ont fait signer des papiers. « Ils ont prétendu être des Nations unies. Les documents étaient en thaïlandais, il n’a pas compris », raconte-t-elle depuis le Canada".

Accélération des arrestations et condamnations

Il a ensuite été rapatrié dans le même avion que l'éditeur sino-suédois Gui Minhai, toujours détenu, et que le défenseur des droits de l'Homme Dong Guangping, condamné lors du même procès que celui de Iang Yefei à trois ans et demi de prison. Depuis cette arrestation, le dessinateur a été maintenu en isolement durant trois ans. 

"Reporters sans frontières (RSF) demande à Pékin de libérer immédiatement Jiang Yefei conformément à la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, signée par la Chine en 1982. Au moment de son arrestation, Jiang venait en effet d’obtenir du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) la reconnaissance de son statut de réfugié et il se préparait à s’installer au Canada" rappelle l'organisme qui s'indigne de la persécution des dissidents chinois.

La Chine a adopté une loi sur la sécurité en juillet 2015 qui a conduit à la multiplication d'arrestations d'opposants jusque dans les pays étrangers. Gui Minhai, lauréat du prix Voltaire 2018 décerné par l'Union internationale des éditeurs, réapparaît régulièrement sous la contrainte des autorités depuis son enlèvement. Il est "soupçonné d'être impliqué dans des activités mettant en danger la sécurité nationale".

Début juillet, le vétéran des dissidents chinois Qin Yongmin, 64 ans,  a été condamné à 13 ans de prison, la plus lourde peine infligée à un opposant politique depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping.

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