Plus de 30 ans après sa création par le Brésilien Luiz Eduardo de Oliveira, alias Leo, la série « Les Mondes d’Aldébaran », depuis toujours publiée chez Dargaud, s’est imposée comme l’une des œuvres cultes du rayon BD en science-fiction. Portée par le trait caractéristique et l’imagination débridée de son auteur, elle cumule aujourd’hui les 3 millions d’exemplaires vendus.
À bientôt 81 ans, Leo, qui était récemment l’invité d’honneur du festival Cultissime, a toujours bon pied bon œil. En 2023, il a ouvert le 7e cycle des « Mondes » avec Bellatrix, dont le 3e tome (sur les cinq prévus) a paru le 3 octobre.
Intentions troubles
On y retrouve bien sûr Kim Keller, l’héroïne historique des « Mondes », qui n’a pas son pareil pour s’embarquer dans d’improbables aventures. Avec son amie Manon Servoz, la jeune femme a cette fois été envoyée sur Bellatrix, une planète dont la population autochtone a ceci de particulier qu’elle ressemble trait pour trait à celle des humains.

Chargées de protéger une femme politique dont la vie est menacée par des groupuscules extrémistes, les deux humaines entament un long périple en territoire hostile, luttant pour leur existence, faisant quelques heureuses rencontres, mais devant aussi pour survivre user d'une violence à laquelle Kim répugne habituellement, tandis qu’au-dessus d'elles, en orbite, des peuples extraterrestres aux intentions troubles les surveillent et les manipulent...
Progrès technique et droit d’ingérence
Moins évolués que les Terriens, les habitants de Bellatrix ont atteint un niveau de technologie étrangement similaire à celui du far west américain. Une pirouette narrative comme Léo en a le secret et qui lui permet d’embarquer le lecteur dans un étrange western peuplé d’animaux et de plantes mystérieux.
Kim et Manon l’ont déjà constaté dans les deux premiers tomes de Bellatrix – ainsi que dans les cycles précédents –, l’Humanité n’a pas le monopole de l’obscurantisme et du fanatisme. Dans Bellatrix, la réflexion porte en particulier sur les notions de progrès technique, de liberté politique et de droit d’ingérence.
Tiré à 40 000 exemplaires, ce 3e tome du 7e cycle des Mondes d’Aldébaran (et 29e volume !) combine l’ensemble des ingrédients qui ont assuré le succès de la série : récit d’anticipation riche en rebondissements, univers léché et discours progressiste. Promesse tenue.