Les vraies héroïnes sont celles qui bataillent à l'ombre des événements historiques ou contemporains, telle Tatiana Mukanire Bandalire. Née au Congo, elle a subi les affres de la guerre de 1996. Tandis que les hommes se font tuer, les femmes sont assassinées dans leur corps via une arme implacable : le viol. « J'ai été victime, j'ai été témoin. Je suis toutes ces femmes » blessées et humiliées, rejetées par leur communauté. Un destin trop ordinaire, puisqu'il concerne des milliers de Congolaises, depuis des décennies. Cette réalité donne le vertige car les petites filles ou les bébés sont aussi pris pour cible. « Quand on a vécu le pire, quand on a frôlé la mort, quand on est morte dans sa propre chair, qui pouvons-nous être encore ? », se demandent ses « consœurs » de douleur. Loin de les abandonner, le Nobel de la Paix, le Dr Mukwege, tente de les réparer. Ce « héros vivant » signe la préface du témoignage puissant de son ancienne patiente, Tatiana. « C'est cette mémoire traumatique qu'elle raconte dans ce récit où des nuages noirs se mêlent au blindage de l'espoir. » Malgré l'impunité des crimes commis, « Tatiana n'a pas courbé l'échine. Elle a eu l'audace de se battre pour se reconstruire et survivre à l'innommable. » La lettre à son bourreau constitue un coup de poing, dépourvu de haine mais pas de clarté, et témoigne de la force de celle qui se veut désormais la porte-parole du Mouvement national des survivantes. « Sois forte et va jusqu'au bout de tes rêves, ne baisse plus jamais les bras », lui recommande l'une d'elles.