Rentrée littéraire 2023

Une Belge ouvre, chaque année, le grand bal de la rentrée littéraire : Amélie Nothomb et sa Psychopompe (Albin Michel). Mais les Belges sont en vogue dans de nombreux domaines artistiques qui vont du cinéma (Virginie Efira) à la chanson (Stromae), en passant par la BD (François Schuiten), la danse (Anne Teresa de Keersmaecker) ou la mode (Dries Van Noten). Cet engouement se retrouve également dans la littérature, si ce n’est qu’elle a une spécificité étonnante. Bien qu’il existe des maisons d’édition belges, les écrivains néerlandophones publient plutôt au Pays-Bas et les francophones, en France. Fait exceptionnel, il y a presque vingt de ces derniers cet automne !

Ainsi, Jean-Philippe Toussaint (L’Échiquier, Minuit) revient aux prémices de sa vocation d’écrivain et se hisse déjà sur la liste du Goncourt. Après son Goncourt de la nouvelle, Antoine Wauters explore le même thème dans un roman (Le plus court chemin, Verdier). Jacques Sojcher plonge dans son passé d’enfant caché (Jacki est sage aux Impressions Nouvelles) pour en extraire son autobiographie. Charly Delwart (Que ferais-je à ma place ? Flammarion) s’interroge également sur sa destinée de manière originale et loufoque. Quand l’identité se montre troublante, voire déstabilisante, comment l’accepter ? Telle est la question épistolaire de Geneviève Damas (Strange, Grasset). En lice pour le prix des Inrocks, la slameuse féministe Lisette Lombé (Eunice, Seuil) suit une jeune fille qui veut percer les mystères de sa mère. D’autres préfèrent revisiter le réel… Féru de musique, Eric-Emmanuel Schmitt (La rivale, éd. Albin Michel) retrace la vie de la Callas à travers celle qui voulait sa place.

Tentatives périlleuses

De son côté, Paul Colize (Devant Dieu et devant les hommes, Hervé Chopin) plonge au cœur d’une catastrophe minière, miroir du sombre côté de l’humanité. C’est aussi un minier qui anime la primo-romancière, Eléonore de Duve (Donato, Corti). Le charbon s’y confond avec le soleil des Pouilles. Le voyage demeure inspirant. Si Véronique Bergen (Écume, Les Équateurs) surfe sur des aventures en mer, Isabelle Wéry (Rouge Western, au Diable Vauvert) part en Andalousie, où une histoire de famille vire au cauchemar. La même maison d’édition publie Thomas Gunzig (Rocky, dernier rivage), à l’imaginaire sans frontières.

Direction une île déserte, privée de connexions avec le reste du monde. Jean-Luc Outers (Mon nom ne vous dira rien, Impressions Nouvelles) privilégie un huis-clos en solo, où un homme affronte son existence. L’amitié peut aussi nous chambouler, comme l’évoque Corine Jamar (Les aimantes, Zellige). Une touche de poésie et de surréalisme belge caractérise Deborah Levyh (La Version, Allia), qui donne vie à un drôle de peuple. Alors que Jérôme Colin, animateur à la RTBF, s'est plongé dans un centre psychiatrique pour adolescent et en a tiré un roman d'amour sélectionné pour le Prix Fnac (Les Dragons, Allary). Les auteurs flamands ne sont pas en reste, puisque la nouvelliste Charlotte Van de Broeck (Tentatives périlleuses, Héloïse d’Ormesson) se penche sur le suicide d’architectes célèbres. Enfin, l’essayiste Bart Van Loo célèbre Napoléon (L’ombre de la Révolution, Flammarion). Et oui, cette attirance pour la France…   

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