Histoire de la soif. Encore un de ces lendemains de fête pour le narrateur de La descente à la plage d'Alexis de Moulliac. Le régulier de cette île au large de la Sicile voudrait étancher sa soif, si ce n'est qu'au pied de son lit, toutes les bouteilles d'eau minérale sont vides. Il va devoir se traîner à l'extérieur pour éteindre le feu qui lui brûle le gosier. Dans la rue, il tombe sur un petit autochtone du nom de Virgilio, qui au lieu de jouer avec ses contemporains, préfère lui coller aux basques. « Virge » devient son guide. La paire se rend d'épicerie en échoppe, de café en bar d'hôtel, pour constater que sur l'île nulle eau potable n'est disponible à cause d'une rupture de stock.

Clans d'aubergistes à la tête desquels règnent des matrones qui coexistent à couteaux tirés ; serveuse au tatouage de dauphin sur la plantureuse poitrine qui, en sus du service en salle, fait jouir de sa plastique en chambre ; joueur de cartes invétéré « aux mains d'argent » ainsi surnommé à cause de son gant de maille grâce à quoi il attrape les oursins... L'auteur double son récit de la soif d'une galerie de portraits de locaux qu'il campe hauts en couleur méditerranéenne. Au fil des pages, ces péripéties estivales prennent un tour étrange. Sur fond de racontars des insulaires surgissent des motifs de légendes ; à la peinture de mœurs d'une jeunesse dorée en villégiature se mêlent les peurs archaïques du narrateur. On s'y glisse, comme on prend la mer- les vagues que peuplent les méduses, les translucides corolles qui dansent dans l'eau, mais aussi ces gorgones, femmes fatales dont on ne peut sans péril croiser le regard...