Goncourt des lycéens 2020

Emmanuelle Collas : "Je voulais redonner aux "Impatientes" ses lettres de noblesse"

Emmanuelle Collas, Editions Emmanuelle Collas - Photo OLIVIER DION

Emmanuelle Collas : "Je voulais redonner aux "Impatientes" ses lettres de noblesse"

L'éditrice revient pour Livres Hebdo sur les coulisses du succès des Impatientes, lauréat du prix Goncourt des lycéens 2020.

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Par Alexiane Guchereau,
Créé le 23.12.2020 à 15h58

L'éditrice Emmanuelle Collas qui ne publie 4 ou 5 livres par an. Mais cette année, l'un d'eux a décroché le gros lot: le prescripteur et prestigieux Goncourt des Lycéens. Elle salue la "complémentarité des savoir-faire" de la chaîne du livre qui a su, même en période de confinement, préparer la parution et le succès des Impatientes de Djaïli Amadou Amal, qui, à l'origine, était prévu en mars, avant d'être programmé pour la rentrée littéraire. Pour finir finaliste du Goncourt.

Livres Hebdo : Comment avez-vous découvert Djaïli Amadou Amal?

Emmanuelle Collas : J'ai découvert Djaïli Amadou Amal parce que j'étais attentive au sujet du Proche-Orient, des femmes et de l'islam. Je me suis intéressée à l'association Femmes du Sahel, que Djaïli préside et j'ai regardé ce qu'elle écrivait. Son manuscrit, Munyal ou les larmes de la patience, a été publié au Cameroun aux éditions Proximité et venait de remporter le prix du livre Orange du livre en Afrique. Je l'ai lu entre le mois d'octobre et celui de novembre et j'ai contacté l'auteure pour lui dire que je souhaitais retravailler son texte.

Comment avez-vous retravaillé le texte?

Je voulais rendre le texte accessible et qu'on lui redonne ici en France ses lettres de noblesse. J'ai décidé de "penser" le texte au delà d'une simple traduction et d'une interprétation. J'ai changé le titre, opté pour Les Impatientes et supprimé l'oralité du texte initial pour passer à une langue plus sobre tout en gardant l'authenticité du peul en l'annotant en bas de page. Je voulais le rendre compréhensible pour un lecteur d'Occident.

Le livre a d'abord été finaliste du Goncourt 2020 pour finalement remporter à la quasi unanimité le prix Goncourt des lycéens 2020. Comment vous êtes vous organisée pour promouvoir ce livre ?

Tout est allé très vite. Après avoir lu le livre, j'ai rencontré l'auteure en janvier et on avait prévu une parution au printemps. Puis il y a eu le premier confinement. On en a profité pour travailler la rentrée littéraire et faire la promotion a niveau de la presse et des libraires. J'ai finalement publié le texte le 4 septembre et Djaïli a bénéficié d'un laisser-passer le même mois pour venir promouvoir son livre. Elle a été invitée dans de nombreux médias et puis, avec le deuxieme confinement, on a dû annuler des rencontres en librairie. Mais on a continué la promotion.  Le livre a rencontré ses lecteurs. Je suis très heureuse qu'il se soit hissé jusqu'en finale du Goncourt car c'était la première fois qu'une femme subsaharienne figurait parmi les finalistes et il faut se battre aussi pour ça. C'est très fort qu'elle ait remporté à la quasi unanimité (dix voix sur douze) le Goncourt des lycéens, qui est donné par la jeunesse.

Etiez-vous préparée à son succès ?

On était prêts au 30 novembre (date à laquelle le lauréat du Goncourt a été proclamé). Ce succès est le résultat d'un véritable travail d'équipe qui s'est mis en place au fil des mois et qui a été rendu rendu possible grâce à l'ensemble des savoir-faire de la chaîne du livre, très complémentaires. Et puis Djaili est revenue en France promouvoir son livre le 8 novembre pour qu'elle ait la même chance que les autres finalistes du Goncourt, grâce un second laisser-passer. Il y a eu une belle énergie de l'attachée de presse, mais aussi de l'imprimeur et des diffuseurs. Initialement le livre n'avait été tiré qu'à 3500 exemplaires. Au moment de l'attribution du prix, il était à 25000. L'imprimeur était prêt à aller jusqu'à 200000 et puis là aujourd'hui, on doit en être à 215000 exemplaires.

Le livre sera t-il adapté ?

Oui, des cessions sont en cours pour adapter Les Impatientes en langues étrangères, notamment en Italie et en Suède mais aussi aux Etats-Unis ainsi qu'en livre audio. Du côté des droits audiovisuels, on avance aussi mais je ne peux pas en dire plus. C'est bien, pour la francophonie, que le livre voyage. Ces cessions sont une lueur d'espoir pour l'avenir.

Quels sont vos projets ?

Djaïli revient en France dès le mois de janvier 2021, elle viendra honorer son prix et sera en tournée promotionnelle dans toute la France. Mais sinon, on a un très grand roman qui sort à la fin du mois de janvier sur un sauvetage d'orphelins au Viêtnam, Babylift, signé Marie Bardet. Il raconte l'histoire de  deux enfants . Sean, 17 ans, recherché pour meurtre, et de sa soeur jumelle May, dont il est amoureux. La jeune femme est rescapée comme lui d'un accident d'avion au Vietnam. L'avocat commis d'office de Sean déterre une vieille affaire jamais élucidée qui change la vie de son client. May se lance alors dans la recherche de ses origines. le roman évoque l'adoption, la filiation, la mémoire et nous interroge sur notre identité.
 

 

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