Nouveau rebondissement dans la polémique autour du Congrès 2024 de la Fédération internationale des associations et institutions de bibliothèques (Ifla) : elle ne l'organisera finalement pas à Dubaï. Dans un communiqué en date du 3 octobre, la gouvernance explique que la décision vient directement de l’association des bibliothèques et de l’information des Emirats arabes unis.
L’association organisatrice avait pourtant le soutien de la présidente de l’Ifla, qui souhaite s’ancrer davantage au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, pour soutenir le développement de la totalité des bibliothécaires de la planète. Rotterdam, Dublin, Athènes : depuis 2019, les congrès annuels se sont polarisés sur l’Europe. Une destination inaccessible à certains membres, pour des raisons économiques ou de visa, précise le bureau dans un précédent communiqué.
Mais le choix de Dubaï a fait polémique. En France, l’Association des Bibliothécaires de France (ABF) s’était vivement opposée à la tenue d’un rassemblement promouvant le respect des droits humains et de l’environnement dans un pays ne partageant pas ces valeurs. « En choisissant Dubaï comme ville hôte de son congrès annuel, l’Ifla semble remettre en question ses engagements et cautionner des pratiques en contradiction avec ses propres principes », rejoignait le Comité français international bibliothèques et documentation (CFIBD) dans une tribune publiée fin juin, se demandant par exemple comment assurer la sécurité des participants LGBTQ+.
68% contre, ou 49% ?
Pour trancher la question, l’Ifla a invité ses membres à voter. Le 11 août, les résultats sont révélés. Parmi les 37% des membres de la fédération qui s'expriment, 68% se prononcent contre la tenue du congrès à Dubaï, et 27% pour. Les premiers viennent surtout d’Europe et d’Amérique, les seconds d’Afrique et d’Asie.
Les résultats sont toutefois plus serrés dans une consultation parallèle, réservée aux membres plus actifs, les “volunteers” : 49% contre, 43% pour, 8% s’abstenant. Décision de la gouvernance : elle maintient sa position, au nom de la diversité et de l'inclusion.
Fin août, assemblée générale. Dans un troisième vote, la majorité se prononce en défaveur de la tenue de la prochaine assemblée annuelle à Dubaï. Elle se tiendra donc à un autre endroit et à une autre date que le congrès. Le 15 septembre, l’Association des Bibliothèques norvégiennes décide de boycotter le congrès. Ce 3 octobre, nous apprenons enfin que l’Association des bibliothèques émiriennes se retire. Et à ce stade, l’Ifla informe qu’en 2024, il n’y aura pas de congrès du tout.
